Un avion militaire américain a atterri à l’aéroport international Toussaint Louverture, le 17 juin 2025, avec à son bord une vingtaine de ressortissants haïtiens expulsés des États-Unis dans le cadre des politiques migratoires renforcées de l’administration Trump.



Ces déportations s’inscrivent dans une stratégie américaine de lutte contre l’immigration illégale ciblant en priorité les personnes accusées ou condamnées pour infractions pénales. Selon les premières informations, les Haïtiens renvoyés seraient impliqués dans des affaires criminelles sur le sol américain, bien que les détails des accusations restent pour l’instant confidentiels. L’opération s’appuie sur les accords bilatéraux existants entre Washington et Port-au-Prince concernant le retour des ressortissants étrangers.

Si ces retours forcés ne sont pas nouveaux, ils soulèvent néanmoins de profondes inquiétudes dans le contexte actuel. Bon nombre des déportés ont vécu aux États-Unis pendant des décennies, certains depuis l’enfance, et se retrouvent brutalement propulsés dans un pays qu’ils ne connaissent plus, livré à une instabilité politique chronique, une insécurité généralisée et une crise économique sévère.

À leur arrivée, les expulsés sont remis aux autorités haïtiennes de l’immigration. Mais faute d’infrastructures adéquates, très peu bénéficient d’un accompagnement social, médical ou psychologique. Le processus d’accueil reste rudimentaire, souvent limité à un enregistrement administratif sans suivi, ni réinsertion.

D’après plusieurs sources, un second vol est attendu dans les prochains jours à l’aéroport international du Cap-Haïtien, avec environ 60 autres Haïtiens expulsés. Les autorités haïtiennes n’ont pas encore communiqué officiellement sur la préparation de cet accueil.

Les organisations de défense des droits humains s’alarment de ces retours massifs dans un contexte où l’État haïtien est largement défaillant. Elles demandent une réforme structurelle du système d’accueil des migrants de retour, ainsi qu’un plaidoyer diplomatique plus actif pour obtenir des garanties minimales sur les conditions de renvoi.

Cette nouvelle vague de déportations met en lumière l’écart criant entre les politiques migratoires sécuritaires des États-Unis et la capacité d’absorption de pays fragiles comme Haïti. En l’absence de coordination efficace, ces retours risquent d’aggraver encore la précarité et la marginalisation de ceux qui, souvent, n’ont connu d’autre pays que les États-Unis.

Source : CTN