Selon une analyse du Relief Inter, 64 territoires haïtiens sont tombés aux mains des gangs armés sous cinq gouvernements successifs. Ces zones, jadis vivantes, sont aujourd’hui des foyers d’insécurité, marquant l’effondrement de l’autorité de l’État et la déliquescence du tissu national.
Port-au-Prince – Une cartographie glaçante de l’occupation du territoire haïtien vient d’être publiée par Le Relief Inter. D’après ce rapport, pas moins de 64 territoires stratégiques sont désormais sous le contrôle direct ou indirect de gangs armés, opérant impunément à travers la capitale et plusieurs départements du pays. Cette progression dramatique s’est étendue sur cinq gouvernements, chacun contribuant à la perte de pans entiers du territoire national.
Sous la présidence de Jovenel Moïse et du Premier ministre Claude Joseph, 15 zones majeures comme Village de Dieu, Cité Soleil, Martissant, et Grand-Ravine ont sombré. Ces quartiers, aujourd’hui gangrénés par la violence, étaient autrefois des centres économiques et sociaux vibrants.
Sous le gouvernement d’Ariel Henry, la situation s’est aggravée avec la perte de 17 territoires supplémentaires, incluant Carrefour-Feuilles, Croix-des-Bouquets, Titanyen, et des régions stratégiques de Tabarre et de l’Artibonite. La route nationale, colonne vertébrale du pays, est elle-même compromise.
Le binôme Edgard Leblanc – Gary Conille a vu la perte de 7 zones supplémentaires, dont Fontamara, Gressier et Bizoton, renforçant l’étau autour de la capitale. Sous Leslie Voltaire avec Gary Conille, puis Alix Didier Fils-Aimé, ce sont encore 13 nouvelles zones comme Nazon, Solino, Fort National, ou encore la commune de l’Estère qui sont tombées.
Enfin, le duo Fritz Alphonse Jean – Alix Didier Fils-Aimé clôt ce sombre tableau avec 12 territoires de plus échappant à tout contrôle régalien, notamment Mirebalais, Clercine, Christ-Roi ou Turgeau.
Une hémorragie territoriale sans précédent qui expose les citoyens à des violences systémiques, contraint les familles à fuir leurs maisons, ferme les écoles, bloque les hôpitaux et détruit toute perspective de développement durable.
Au-delà de la simple insécurité, cette perte de contrôle sur des zones aussi stratégiques constitue un effondrement de l’État de droit, une faillite des politiques publiques, et une crise humanitaire majeure. Chaque territoire abandonné est une enclave de non-droit où la vie, la santé, l’éducation et la justice sont inexistantes.
Haïti est une nation en otage. Les gangs ne font pas qu'occuper l'espace ; ils brisent l'espoir, imposent leur loi et réduisent la souveraineté à néant. Cette carte de l’occupation doit être un électrochoc pour la classe politique, la société civile, et la communauté internationale.
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