Il y a 200 ans, Haïti cédait sous la pression de la France et acceptait de payer une rançon pour son indépendance. Aujourd’hui, cette dette historique continue de hanter l’économie haïtienne, reflétant un système mondial toujours marqué par des rapports de domination financière.
Le 8 juillet 1825, sous la menace des canons français, le président Jean-Pierre Boyer acceptait de payer une indemnité de 150 millions de francs-or à la France en échange de la reconnaissance de l’indépendance haïtienne. Cette dette, qui plongea le pays dans un cycle d’appauvrissement structurel, fut le point de départ d’un modèle d’exploitation financière qui s’est perpétué sous d’autres formes : prêts toxiques, interventions économiques étrangères, ingérences politiques et dépendance chronique aux institutions financières internationales.
Deux siècles plus tard, Haïti demeure piégée dans ce que l'on pourrait appeler un "néo-impérialisme financier". L’aide internationale conditionnée, les programmes d’ajustement structurel imposés par le FMI et la Banque mondiale, ainsi que les politiques économiques dictées de l’extérieur rappellent étrangement le mécanisme de la dette de 1825. Loin de favoriser un véritable développement, ces instruments renforcent la dépendance et freinent la souveraineté économique du pays.
À l’heure où Haïti commémore le bicentenaire de cette injustice économique, la question des réparations et de l’annulation de la dette illégitime reste plus que jamais d’actualité. Le combat pour une souveraineté financière réelle doit s’imposer comme une priorité, afin de rompre définitivement avec un système qui, depuis 1825, n’a cessé de priver le peuple haïtien de son plein épanouissement économique et social.
PHOTO : FOKAL
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