L’Afrique du Sud déploiera en septembre 2025 une autorisation de voyage électronique (ETA) destinée à digitaliser l’entrée des voyageurs soumis à visa. Mais l’extension de cette mesure aux touristes actuellement exemptés de visa suscite déjà de vives inquiétudes dans le secteur du tourisme.



L’Afrique du Sud se prépare à une révolution numérique en matière d’immigration : à compter de septembre 2025, les autorités mettront en place une autorisation de voyage électronique (ETA) pour les visiteurs soumis à visa. Objectif affiché : moderniser le système, renforcer la sécurité aux frontières et simplifier les procédures de demande de visa touristique. Mais derrière cette annonce se cache une crainte croissante : que cette mesure ne s’étende bientôt aux voyageurs actuellement exemptés de visa, notamment les ressortissants européens, principaux contributeurs au tourisme sud-africain.

Le ministre de l’Intérieur Leon Schreiber a présenté la feuille de route de ce programme numérique lors d’un discours devant le Conseil national des provinces. L’ETA sera d’abord testée aux aéroports internationaux de Johannesburg (OR Tambo) et de Cape Town, avant d’être progressivement élargie à d’autres types de visas et points d’entrée. Dans ses mots : « Au fil du temps, l’ETA sera étendu… jusqu’à ce que personne ne puisse entrer en Afrique du Sud sans un visa numérique ».

Officiellement, les voyageurs exemptés de visa ne sont pas encore concernés, mais aucune garantie n’a été donnée sur le long terme. Schreiber a soigneusement évité de détailler la liste des nationalités soumises à cette obligation, repoussant cette publication au lancement officiel du programme.

L’inquiétude est palpable dans le secteur du tourisme. L’introduction d’un système similaire au Royaume-Uni, en Corée du Sud ou aux États-Unis a transformé l’entrée sans visa en une démarche électronique obligatoire, parfois payante, et soumise à validation préalable. Les professionnels sud-africains redoutent que l’Afrique du Sud suive ce chemin, au risque de faire fuir les touristes de dernière minute ou les visiteurs peu familiers avec les démarches numériques.

David Frost, président de la SATSA, avertit qu’il n’y a « aucune justification à imposer l’ETA aux pays exemptés de visa pour les courts séjours », tandis que Sabine Blehle (GoVacation Africa) alerte sur le besoin d’outils pédagogiques adaptés, en particulier pour les voyageurs âgés ou peu connectés. Quant à Onne Vegter (Wild Wings Safaris), il résume l’inquiétude du secteur : « imposer une ETA aux dispensés de visa, c’est leur imposer un visa déguisé ».

En résumé, si le système ETA sud-africain est pour l’instant réservé aux voyageurs nécessitant un visa, le flou entretenu autour de son extension future nourrit les craintes d’un frein majeur au tourisme. Et dans une industrie encore en convalescence post-Covid, tout nouveau frein à l’entrée pourrait avoir un impact économique significatif.

L’Afrique du Sud a encore quelques semaines pour rassurer ses partenaires touristiques. Mais pour l’instant, l’ombre d’un visa électronique obligatoire pour tous plane sur la nation arc-en-ciel.