Les autorités locales de Guyane et de Guadeloupe ont officiellement annoncé leur intention de procéder à l’expulsion systématique de tous les ressortissants haïtiens vivant en situation irrégulière sur leurs territoires. Une décision qui soulève à la fois inquiétude, tension et controverse dans les communautés concernées.



Dans un communiqué publié ce mardi, les autorités préfectorales des deux régions d’outre-mer ont indiqué que les opérations de contrôle migratoire allaient être intensifiées dès les prochains jours, en coordination avec les services de police, de gendarmerie et de l’immigration. Objectif déclaré : lutter contre l’immigration clandestine et “rétablir l’ordre et la légalité sur le territoire”, selon les termes utilisés par les représentants de l’État.

La communauté haïtienne, particulièrement nombreuse et active dans ces régions, est directement visée par cette mesure. De nombreux Haïtiens y vivent depuis des années sans titre de séjour, travaillant dans des secteurs comme l’agriculture, le BTP ou les services à la personne. Beaucoup ont fui l’insécurité chronique, la misère et l’instabilité politique d’Haïti, espérant reconstruire leur vie dans ces territoires français.

Selon plusieurs témoignages recueillis sur place, la peur règne désormais parmi les sans-papiers haïtiens, dont certains évitent de sortir de chez eux ou d’aller travailler de peur d’être arrêtés. Des descentes de police ont déjà été signalées dans certains quartiers de Cayenne, Saint-Laurent-du-Maroni et Pointe-à-Pitre.

Les associations de défense des droits humains dénoncent une politique "inhumaine et brutale", ciblant une population vulnérable souvent victime de trafic, d’exploitation ou de logements insalubres. “Ces expulsions massives bafouent la dignité humaine et ignorent les réalités sociales et économiques de ces territoires”, affirme un porte-parole du collectif Solidarité Outre-Mer.

Côté gouvernemental, les autorités maintiennent leur position : tout étranger en situation irrégulière est passible d’expulsion, quelle que soit sa nationalité.

Le ministère français de l’Intérieur soutient cette initiative locale, estimant qu’elle s’inscrit dans la “politique migratoire de fermeté voulue par l’État”. Les vols vers Haïti devraient être multipliés dans les prochaines semaines pour faciliter les retours forcés.