Le 25 juillet 2025, Aliko Dangote, figure emblématique du capitalisme africain et bâtisseur du plus vaste conglomérat industriel du continent, quitte la présidence de Dangote Cement. Une transition symbolique pour le Nigeria et pour toute l’Afrique, entre héritage colossal et aspirations renouvelées.
L’homme le plus riche d’Afrique tire sa révérence. Le 25 juillet 2025, Aliko Dangote a officiellement quitté la présidence de Dangote Cement, la pierre angulaire d’un empire industriel pesant des milliards. Fort d’une fortune estimée à 23,4 milliards de dollars — soit plus que le PIB du Botswana — le magnat nigérian laisse derrière lui bien plus qu’un empire du béton : une vision.
Pour lui succéder, Emmanuel Ikazoboh, ancien président d’Ecobank, prend les rênes, tandis que sa fille entre au conseil d’administration. Un signal fort d’une transition maîtrisée, où se mêlent continuité familiale et ambition continentale.
C’est à partir du ciment que tout a commencé. Mais Aliko Dangote n’a pas été qu’un industriel. Il a été un stratège. Sucre, riz, tomates, engrais, télécoms, banques, pétrole… L’homme a anticipé les besoins fondamentaux du continent et bâti des chaînes de valeur locales. Le projet phare : sa raffinerie monumentale à Lekki, d’une valeur de 20 milliards de dollars, opérationnelle depuis 2023, avec une capacité de 650 000 barils par jour. Une infrastructure stratégique qui repositionne le Nigeria sur la carte énergétique mondiale.
Avec 10 % du PIB nigérian à lui seul, Dangote est un géant aux multiples visages. S’il fascine par son influence économique, il suscite aussi la controverse : en 2024, son groupe a fait l’objet d’une enquête anti-corruption liée à la Banque centrale. Une affaire sans suite judiciaire, mais qui souligne la porosité entre pouvoir économique et politique.
Toujours, il a défendu une vision forte : « transformer nos ressources chez nous, pour ne plus dépendre de l’extérieur ». Une philosophie “Africa First” qui fait de lui un apôtre de la souveraineté économique africaine. Ciment, engrais, énergie… chaque secteur visé visait un objectif unique : l’autosuffisance continentale.
Philanthrope engagé, il s’est investi dans la lutte contre la polio, l’accès à la santé, l’éducation. Mais l’homme est aussi passionné de football : il a plusieurs fois tenté de racheter Arsenal, en vain.
Aujourd’hui, son départ de Dangote Cement marque la fin d’un cycle, mais pas celle de son influence. Son héritage est à la fois tangible — des usines, des routes, des emplois — et symbolique : l’audace de croire qu’un Africain peut bâtir un empire mondial à partir des ressources locales.
Laisser un commentaire