Face à la montée des interpellations silencieuses menées par les agents fédéraux de l’immigration (ICE), la maire de Boston, Michelle Wu, prend position. Elle promet d’arracher à l’ombre ce que plusieurs qualifient déjà de "police secrète".



Dans une initiative sans précédent, la Ville de Boston annonce qu’elle va déposer régulièrement des demandes FOIA (Freedom of Information Act) auprès du Département de la Sécurité intérieure (DHS), afin d’obtenir les noms, statuts et lieux de détention des personnes arrêtées par l’ICE dans ses rues.

“Nous avons le droit de savoir qui est arrêté, pourquoi, et où,” a martelé Michelle Wu, entourée de la sénatrice d’État Lydia Edwards, du conseiller municipal Enrique Pepén et de leaders associatifs. Pour Wu, cette demande de transparence n’est pas un acte militant, mais un impératif démocratique fondamental dans un pays qui prétend respecter l’État de droit.

La démarche est aussi un acte de solidarité avec les familles laissées sans nouvelles après des arrestations souvent brutales et muettes. “L’information est le minimum que le gouvernement puisse fournir aux familles des personnes détenues,” a déclaré la maire. Des consulats étrangers sont sollicités pour aider à localiser les ressortissants arrêtés, tandis que les communautés locales, déjà fragilisées, s’organisent tant bien que mal pour pallier les conséquences humaines de ces interpellations.

Allston-Brighton, Roslindale, Hyde Park… À travers la ville, les histoires se multiplient : un homme arrêté en allant payer son loyer, une mère laissée sans ressources, des écoles surveillées à la sortie des classes pour rassurer les enfants. À Roslindale, le groupe “Roslindale Is For Everyone” a mobilisé une vingtaine de bénévoles pour sécuriser les abords d’un établissement scolaire. “Notre communauté mérite mieux,” a déclaré le conseiller Pepén.

Michelle Wu ne cache plus sa colère contre l’administration fédérale. “À Tom Homan et à l’ICE : faites une pause, repensez vos méthodes.” Elle dénonce une stratégie de peur qui “n’a jamais garanti la sécurité de personne.” La véritable protection, selon elle, repose sur la confiance, la coopération, et le respect des droits humains.

Lydia Edwards, elle, remonte à l’Histoire. “Boston a toujours été une ville d’immigrés,” rappelle-t-elle, la voix tremblante. Fille d’une lignée remontant à 1818, descendante d’esclaves, elle voit dans cette chasse à l’homme un retour aux heures les plus sombres de l’Amérique. “Ils veulent nier que nous existons. Mais ils ne connaissent pas notre force.” Et de conclure, le poing levé : “Si vous nous frappez, nous frappons plus fort.”

Dans une Amérique où les politiques migratoires sont de plus en plus répressives, Boston affiche sa résistance, défendant une vision inclusive, solidaire et humaine. La ville refuse d’être complice du silence. Elle exige la vérité. Et elle n’a pas dit son dernier mot.