Le vol de la présidente de la Commission européenne en Bulgarie a été perturbé par une panne de navigation GPS, attribuée par Sofia à une "ingérence russe". Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, rejette ces accusations, qualifiant ces allégations d'infondées. Cet incident survient dans un contexte de tensions géopolitiques accrues et de manifestations hostiles en Bulgarie, où le parti pro-russe Renaissance a vivement contesté la visite de von der Leyen.



Le vol charter transportant Ursula von der Leyen vers la Bulgarie dimanche 31 août 2025 a été frappé par une perturbation inattendue : une défaillance du système de navigation GPS, contraignant l’équipage à recourir à des cartes papier pour atterrir en toute sécurité à l’aéroport de Plovdiv. Selon le Financial Times, les instruments de navigation auraient cessé de fonctionner lors de l’approche, retardant l’atterrissage d’une heure . Très rapidement, des responsables européens et bulgares ont pointé du doigt la Russie, évoquant une « ingérence flagrante » .

Arianna Podestà, porte-parole de la Commission européenne, a confirmé l’incident lors d’un briefing à Bruxelles, s’appuyant sur les conclusions préliminaires des autorités bulgares. « Nous avons reçu des informations de la Bulgarie suspectant une interférence russe délibérée », a-t-elle déclaré, tout en admettant l’absence de preuves tangibles . Cette accusation s’inscrit dans une tendance broader de perturbations GPS attribuées à Moscou, particularly dans les espaces aériens proches de zones de conflit ou de frontières otaniennes .

Le Kremlin a réagi vivement par la voix de son porte-parole, Dmitri Peskov, qualifiant ces allégations d’« absolument infondées » et rejetant tout lien avec cet incident . « Ces accusations font partie d’une campagne de désinformation contre la Russie », a-t-il affirmé au Financial Times, soulignant le manque de preuves concrètes . Cette réponse est cohérente avec la posture habituelle de Moscou, qui nie toute implication dans des activités de brouillage GPS, malgré les multiples signalements d’experts en sécurité aérienne .

La visite de von der Leyen en Bulgarie s’est déroulée dans un climat hostile. À son arrivée à Sopot, des manifestants du parti d’extrême droite pro-russe Renaissance (Vazrazhdane) l’ont accueillie avec des huées et des insultes, dont des cris de « nazie ! » . Le leader du parti, Kostadin Kostadinov, known pour ses positions anti-UE et pro-Kremlin, a déclaré : « Si l’UE se prépare à la guerre avec la Russie, qu’Ursula vienne le dire ici » . Cette mobilisation reflète les divisions politiques profondes en Bulgarie, où les sentiments pro-russes restent influents .

Derrière cet incident technique se cachent des enjeux géopolitiques majeurs. Le brouillage GPS est une méthode de guerre hybride régulièrement employée dans la région, particularly depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022. L’UE note une augmentation significative de ces perturbations, visant à déstabiliser les opérations aériennes et maritimes . En mars 2024, le vol du ministre britannique de la Défense, Grant Shapps, avait subi des interférences similaires près de l’enclave russe de Kaliningrad .

Face à ces menaces, l’Union européenne renforce ses capacités de défense. Le commissaire européen à la Défense, Andrius Kubilius, a annoncé le déploiement de satellites supplémentaires en orbite basse pour contrer les brouillages et améliorer la détection des interférences . « Cet incident renforce notre détermination à soutenir l’Ukraine et à accroître nos capacités militaires », a insisté Podestà .

La tournée de von der Leyen en Europe de l’Est – incluant la Pologne, la Lettonie et la Lituanie – vise à afficher l’unité de l’UE face à la menace russe. En Bulgarie, elle a rencontré le Premier ministre Rossen Jeliazkov pour discuter de la sécurité régionale et du soutien à Kyiv . Mais cet incident rappelle que la guerre hybride dépasse les champs de bataille traditionnels, s’immisçant dans les espaces aériens et les infrastructures critiques.

Alors que les tensions persistent, la communauté internationale observe avec inquiétude les implications de ces actes de destabilisation. Sans preuves formelles, l’accusation contre Moscou reste un sujet de controverse, mais elle s’inscrit dans un pattern d’actions hostiles attribuées à la Russie. Pour l’heure, le vol de von der Leyen aura surtout révélé la vulnérabilité des infrastructures européennes – et la difficulté de répondre à des attaques hybrides dans un contexte de déni persistante .