Le gouvernement burkinabè annonce la dissolution de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), invoquant la réduction des coûts et la souveraineté électorale. Une décision qui suscite déjà débats et inquiétudes.



Ouagadougou, 19 juillet 2025 — Nouveau coup de théâtre institutionnel au Burkina Faso. Le ministre de l’Administration territoriale et de la Mobilité, Émile Zerbo, a déclaré ce jeudi la volonté ferme du gouvernement de dissoudre la Commission électorale nationale indépendante (CENI), un organe clé du processus démocratique dans le pays.

Cette mesure, selon le ministre, vise à réduire les dépenses publiques et à garantir l’indépendance du processus électoral face aux influences extérieures. Il a souligné que la CENI, composée de 15 membres issus des partis politiques et de la société civile, bénéficie de subventions annuelles avoisinant un demi-milliard de francs CFA — soit environ 870 000 dollars.

Une fois la dissolution effective, toutes les prérogatives électorales seront transférées à une structure étatique placée sous l’autorité directe du ministère, marquant ainsi un tournant historique dans la gouvernance électorale du pays.

Cette annonce fait suite à plusieurs signaux politiques envoyés par le régime militaire, au pouvoir depuis 2022, qui cherche à restructurer les institutions dans un souci déclaré de souveraineté nationale et de lutte contre les ingérences étrangères. Cependant, des voix s’élèvent déjà au sein de la société civile et de l’opposition pour dénoncer un recul démocratique majeur, qui pourrait fragiliser davantage la crédibilité des prochaines élections.

La dissolution de la CENI soulève aussi des inquiétudes auprès de la communauté internationale, qui a souvent appuyé techniquement et financièrement les scrutins burkinabè. La décision intervient dans un contexte régional tendu, où plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, gouvernés par des régimes militaires, remettent en cause les mécanismes électoraux classiques et les modèles de démocratie représentative.

Avec cette nouvelle orientation, le Burkina Faso semble vouloir rompre définitivement avec l’architecture électorale héritée des transitions démocratiques post-1991, au risque de renforcer les critiques sur une centralisation excessive du pouvoir.