Les marchés financiers retiennent leur souffle ce mercredi. Entre un CAC 40 figé, un Nasdaq en net repli et des investisseurs en quête de clarté, la nervosité monte à la veille du discours très attendu de Jerome Powell à Jackson Hole. L’équilibre fragile entre lutte contre l’inflation et soutien à l’économie alimente une volatilité croissante sur les places mondiales.



La dynamique haussière des dernières semaines marque un coup d’arrêt. Le CAC 40 reste quasi immobile, freiné par le recul des valeurs exportatrices et l’essoufflement des flux acheteurs venus des États-Unis. De l’autre côté de l’Atlantique, le Nasdaq a décroché de –1,46 %, sa plus forte baisse depuis avril, plombé par les géants de la tech. Nvidia recule de –3,5 %, illustrant le malaise des investisseurs face à des valorisations jugées déconnectées des fondamentaux.

La prudence se nourrit de plusieurs signaux inquiétants. Une étude du MIT a mis en lumière que la majorité des projets liés à l’intelligence artificielle ne génèrent pas encore de revenus significatifs, jetant une ombre sur l’euphorie autour des “IA stocks”. Parallèlement, l’administration Trump accentue son interventionnisme économique : discussions autour d’une éventuelle prise de participation dans Intel et menaces de taxes sur les exportations de semi-conducteurs vers la Chine viennent perturber les perspectives du secteur.

Côté macroéconomie, tous les regards convergent vers le symposium de Jackson Hole. Jerome Powell se retrouve sous une double pression : un marché de l’emploi qui ralentit, une inflation encore trop élevée, et des investisseurs qui parient à plus de 80 % sur une baisse des taux dès septembre. La division entre les « faucons », qui veulent maintenir une politique monétaire stricte, et les « colombes », favorables à un soutien plus marqué à l’économie, complique encore la donne.

L’enjeu est clair : apaiser des marchés nerveux sans relancer une spirale inflationniste. Dans ce contexte, les opérateurs redoutent que Powell opte pour un discours trop flou, incapable de rassurer ni les investisseurs ni les partisans d’une ligne stricte.

Pour l’heure, la volatilité gagne du terrain, les volumes de transactions se contractent, et les arbitrages se font plus sélectifs. Les valeurs défensives tirent légèrement leur épingle du jeu, tandis que les secteurs sensibles aux taux — tech, immobilier, et consommation discrétionnaire — subissent des prises de bénéfices.

Les investisseurs, eux, se préparent à un scénario binaire : un message accommodant qui pourrait relancer la hausse, ou un discours ferme qui prolongerait la consolidation. Quoi qu’il en soit, Jackson Hole s’annonce comme le prochain moment de vérité des marchés mondiaux.