Pékin surprend les observateurs en exemptant, en toute discrétion, 131 produits américains des droits de douane. Un allègement représentant 40 milliards de dollars d’importations, signe d’un possible virage stratégique dans un conflit commercial au long cours.

Alors que les tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis ne cessent de croître, un geste discret mais significatif vient d’être opéré par Pékin : l’exemption de 131 produits américains des droits de douane, pour un montant estimé à 40 milliards de dollars, soit près de 24 % des importations américaines vers la Chine.

Cette décision, loin des déclarations tonitruantes habituelles dans les guerres commerciales, a été prise sans communication officielle tapageuse, soulignant une volonté d'apaisement feutrée de la part du gouvernement chinois. Les produits concernés sont stratégiques : produits pharmaceutiques, chimiques industriels, éthane, dispositifs médicaux, leasing aérien, autant de biens qui soutiennent des chaînes de production vitales pour l'économie chinoise.

Pourquoi une telle exemption en pleine escalade ? Parce que Pékin, malgré une rhétorique ferme, privilégie une approche pragmatique et industrielle. Il s’agit moins d’un signal politique que d’un acte de préservation économique. En exemptant ces produits de tarifs prohibitifs, la Chine cherche à éviter une rupture de ses chaînes d’approvisionnement, tout en limitant l’inflation importée sur des biens critiques.

Selon Bloomberg, cette décision s’inscrit dans une logique de réciprocité : Washington aurait récemment exempté 22 % des importations chinoises, dont les smartphones, pour des raisons similaires. Un effet miroir révélateur d’une tentative mutuelle de désescalade silencieuse, dans un conflit stratégique qui dépasse largement la simple guerre des chiffres.

Ce geste chinois pourrait annoncer un tournant dans les négociations commerciales. Le ministère chinois du Commerce a d’ailleurs évoqué, sans plus de détails, une possible reprise des pourparlers avec les États-Unis. Si les deux superpuissances évitent les déclarations fracassantes, c’est peut-être pour préparer le terrain à une détente progressive, loin des caméras mais dictée par les impératifs économiques.

Pour les marchés, ce signal faible est scruté avec attention. Dans un contexte de ralentissement économique global, tout geste de désescalade commerciale est perçu comme une soupape de sécurité, réduisant l’incertitude pour les investisseurs. Si Pékin continue d’agir dans cette veine, la guerre commerciale pourrait évoluer en compétition industrielle maîtrisée, avec des compromis silencieux plutôt que des confrontations spectaculaires.

Reste à savoir si ce réalisme économique suffira à calmer les ambitions stratégiques. Car dans l’ombre des exemptions tarifaires, le bras de fer entre les deux géants reste entier, sur le terrain de la technologie, des investissements et de la domination géoéconomique.