Après des semaines de flou juridique et d’incertitude pour des milliers de bénéficiaires haïtiens, cubains, nicaraguayens et vénézuéliens du programme CHNV, le Département de la Sécurité intérieure (DHS) confirme la levée du gel administratif sur les demandes déjà introduites depuis les États-Unis.



Dans une note officielle soumise à un tribunal fédéral du Massachusetts ce lundi 9 juin 2025, le Département de la Sécurité intérieure (DHS) a annoncé la reprise partielle du traitement des dossiers d’immigration relatifs au programme humanitaire CHNV (Cuba, Haïti, Nicaragua, Venezuela), ainsi que d'autres initiatives humanitaires similaires. Cette décision intervient après que le juge fédéral a sommé l'administration Trump de s’expliquer sur le non-respect apparent d’une ordonnance judiciaire rendue le 28 mai.

Selon le nouveau mémo interne baptisé "Alfonso-Royals Memo", publié ce jour par l’USCIS, les agents d’immigration sont désormais autorisés à reprendre le traitement des demandes déposées par des bénéficiaires CHNV déjà présents sur le territoire américain. Cela inclut également : le programme Uniting for Ukraine (U4U), les programmes de réunification familiale par parole humanitaire (FRP), les demandes de réexamen ou de renouvellement de statut humanitaire pour les bénéficiaires de parole existants

L'administration a précisé que le gel reste cependant en vigueur pour les nouvelles demandes de parole, c’est-à-dire celles introduites par des individus encore à l’étranger. Toute instruction ou traitement demeure suspendu pour les cas qui n’ont pas encore été entièrement vérifiés par les autorités fédérales.

Le DHS a aussi souligné au juge que le redémarrage du traitement sera progressif, en coordination avec la mise à jour des systèmes informatiques internes, et la formation du personnel pour appliquer les nouvelles directives.

Cette annonce représente un soulagement partiel pour des milliers de migrants déjà présents aux États-Unis, notamment des Haïtiens ayant bénéficié du programme CHNV, qui attendaient depuis plusieurs semaines la possibilité de régulariser leur statut ou de demander des protections complémentaires comme le TPS ou l’ajustement statutaire.

Mais l’incertitude demeure pour les familles encore bloquées à l’étranger, dont les demandes de parole initiale restent gelées, sans calendrier précis de reprise. L’administration Trump continue de justifier cette suspension par des besoins accrus en matière de sécurité nationale et de contrôle rigoureux, affirmant que chaque demande fera désormais l’objet d’un "full vetting", soit une vérification approfondie de l’identité et des antécédents des demandeurs.

Ce nouveau développement intervient dans un contexte de durcissement général des politiques migratoires, avec des décisions successives du gouvernement visant à réduire les arrivées et à accélérer les expulsions, notamment dans le cadre de la fin programmée du programme CHNV.

Pour de nombreux bénéficiaires du programme, la levée partielle du gel est perçue comme une bouffée d’oxygène, mais les avocats spécialisés en immigration appellent à la vigilance, soulignant que les critères de traitement sont plus stricts qu’auparavant.

Les prochaines semaines seront donc cruciales pour évaluer l’impact réel de cette relance administrative et mesurer si le DHS tiendra ses engagements dans le respect de l’injonction judiciaire et des droits des migrants déjà installés légalement sur le sol américain.