Les tensions militaires au Moyen-Orient ravivent le spectre d’un choc énergétique global. Le prix du Brent grimpe de plus de 5 %, les marchés s’inquiètent d’un blocage stratégique du détroit d’Ormuz, et les perspectives inflationnistes repartent à la hausse.
Le monde se réveille ce lundi avec une inquiétude familière mais redoutable : celle d’un baril qui flambe sous la pression des armes. Les frappes ciblées des États-Unis contre trois sites nucléaires iraniens ont relancé la volatilité sur les marchés pétroliers, envoyant le Brent au-delà de 86 dollars (+5,7 %) et le WTI au-dessus des 77 dollars le baril.
En cause : la menace explicite formulée par Téhéran de fermer le détroit d’Ormuz, goulot d’étranglement par lequel transite un cinquième du pétrole mondial. Selon les analystes de JPMorgan, une fermeture effective du détroit propulserait les cours à 120 voire 130 dollars, ravivant le spectre d’une inflation énergétique globale. Aux États-Unis, le prix moyen du gallon pourrait alors franchir la barre des 4,50 dollars – et jusqu’à 6 dollars dans les États les plus dépendants comme la Californie.
Ce regain de tension ne se limite pas à une flambée passagère. Historiquement, chaque conflit impliquant un grand producteur d’hydrocarbures a provoqué des hausses durables du baril, avec une moyenne de +76 % selon les données compilées par les grandes banques d’investissement.
L’Iran, qui vient de perdre plusieurs figures militaires de premier plan, pourrait également riposter indirectement via ses réseaux régionaux – en soutenant, par exemple, les attaques des rebelles houthis contre les cargos énergétiques dans la mer Rouge ou en ciblant les infrastructures stratégiques de ses voisins du Golfe.
Fait singulier, la Bourse de Tel Aviv, pourtant touchée par des tirs de missile sur son siège, a atteint un sommet annuel, les marchés anticipant une réponse militaire musclée d’Israël qui renforcerait sa posture stratégique régionale.
Pendant ce temps, le dollar joue son rôle de valeur refuge en progressant légèrement (+0,3 %), tandis que les places boursières américaines ouvrent dans le rouge, signe d’un regain d’inquiétude sur les perspectives économiques. Car au-delà des impacts directs, ce choc pétrolier inattendu menace de réactiver les tensions inflationnistes, fragiliser la consommation, et retarder tout espoir de baisse des taux par la Réserve fédérale.
Dans ce climat d’incertitude stratégique, une question s’impose aux investisseurs comme aux décideurs politiques : sommes-nous prêts à affronter une nouvelle ère de turbulences énergétiques, où le pétrole redevient une arme de guerre autant qu’un actif financier stratégique ?
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