À North Miami, les leaders haïtiens se mobilisent et dénoncent une décision brutale qui plonge des milliers de familles dans l’incertitude.
Quelques jours après l’annonce officielle de la fin du Temporary Protected Status (TPS) pour des centaines de milliers d’Haïtiens vivant aux États-Unis, une rencontre d’urgence s’est tenue dimanche soir dans un restaurant de North Miami. Objectif : informer, conseiller et organiser la riposte face à ce que beaucoup perçoivent comme une trahison du gouvernement américain envers une communauté déjà éprouvée.
Dans une salle remplie d’émotion et de tension, avocats, militants et familles haïtiennes ont partagé leurs témoignages bouleversants et leurs inquiétudes croissantes. « Je ne pense pas que dix semaines suffisent pour se détacher d’une vie construite ici depuis quinze ans », a dénoncé Sandra Cherfrere, avocate en immigration, en évoquant le court délai avant l’expiration du programme, fixée au 2 septembre 2025.
Selon les estimations, environ 300 000 Haïtiens résident dans la région de Miami, dont plusieurs dizaines de milliers bénéficient actuellement du TPS, qui leur permet de vivre et travailler légalement aux États-Unis.
Pour Naomi Esther Blemur, militante et directrice exécutive engagée, l’annonce a été un choc émotionnel : « J’étais en larmes. Comment peuvent-ils prétendre qu’Haïti est un pays sûr alors que je sais, en tant qu’Américaine d’origine haïtienne, que Port-au-Prince est aujourd’hui inaccessible par avion depuis des mois ? »
Les données du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme confirment l’ampleur de la crise sécuritaire : plus de 2 700 meurtres recensés sur le sol haïtien au premier semestre 2025, et une capitale sous l’emprise de groupes armés incontrôlés.
« Prenez votre enfant, quittez le confort des États-Unis, et allez vivre avec moi en Haïti, là où on ne sait même pas si on aura une maison avec des toilettes à l’intérieur. » Le constat de Cherfrere est brutal mais réel, partagé par nombre de participants à cette réunion communautaire.
Au-delà des discours, cette réunion a permis de dispenser des conseils juridiques et de présenter des alternatives pour ceux qui pourraient bientôt se retrouver en situation irrégulière. Mais, selon plusieurs avocats présents, le temps presse : « Je sais que certaines personnes avec des dossiers TPS encore en traitement sont déjà détenues. Le compte à rebours a peut-être déjà commencé », a alerté Cherfrere, évoquant également un exode discret vers le Canada et d’autres pays d’accueil.
Ce durcissement brutal de la politique migratoire s’inscrit dans une dynamique plus large menée par l’administration Trump, qui a également supprimé les protections pour les ressortissants de Cuba, du Venezuela et du Nicaragua.
Dans un climat d’incertitude migratoire extrême, la communauté haïtienne de Floride s’organise, solidaire mais anxieuse, face à une décision qui pourrait déchirer des familles, perturber des vies établies et bouleverser une ville qui, depuis des décennies, bat au rythme des espoirs et des luttes de ses enfants venus d’Haïti.
À quelques semaines d’un possible retour forcé vers un pays en crise, le mot d’ordre est clair : s’informer, se préparer et résister.
Source: CBS NEWS
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