Avec plus de 47,8 millions de personnes nées à l’étranger sur son territoire, les États-Unis abritent la plus grande population immigrée du monde. Un phénomène structurant qui façonne l’économie, la démographie et les politiques publiques américaines.



L’immigration aux États-Unis reste l’un des sujets les plus sensibles du débat national. Pour démystifier les perceptions souvent erronées, les dernières données du Bureau du recensement et du Département de la sécurité intérieure offrent un éclairage clair sur les origines, les statuts et les parcours des migrants. En 2023, les personnes nées à l’étranger représentaient 14,3 % des 335 millions d’Américains, un niveau proche du record de 1890 (14,8 %).

Contrairement à certaines idées reçues, plus des trois quarts des immigrants vivent légalement aux États-Unis. Ils sont naturalisés, détenteurs de cartes vertes (résidents permanents), réfugiés, demandeurs d’asile ou titulaires de visas de travail ou d’étude à long terme.

En 2023, près de 17,9 millions d’enfants de moins de 18 ans avaient au moins un parent immigré. Immigrants et descendants représentent ensemble plus de 90 millions de personnes, soit 27 % de la population américaine. Ces familles jouent un rôle majeur dans l’éducation et le marché du travail. Entre 2000 et 2023, la totalité de la croissance de la population active a été portée par les immigrés et leurs enfants.

L’origine des immigrants a considérablement évolué. Alors que l’Europe dominait historiquement les flux migratoires, l’Amérique latine représente aujourd’hui plus de la moitié des immigrés, avec le Mexique en tête (23 %). L’Asie arrive en deuxième position, suivie par l’Afrique, dont la population immigrée a connu une croissance de 74 % depuis 2010.

Entre 2010 et 2023, l’immigration sud-américaine a triplé par rapport à la moyenne nationale (61 % contre 20 %). Ces nouveaux arrivants s’installent principalement dans des États comme la Californie, le Texas, la Floride, New York et le New Jersey.

Certains groupes ethniques se concentrent géographiquement : 73 % des Cubains vivent en Floride, 49 % des Iraniens en Californie, et 56 % des Guyanais à New York.

En 2022, selon le Pew Research Center, 77 % des immigrés possédaient un statut régulier (naturalisation, résidence permanente ou visa). Les 11,3 millions d’immigrants sans papiers représentent environ 23 % du total. La plupart sont installés depuis plus de 10 à 15 ans. Beaucoup parviennent à régulariser leur statut, tandis que d’autres repartent volontairement.

Depuis 2022, de nouveaux flux apparaissent avec les programmes de libération conditionnelle humanitaire, notamment pour les Cubains, Haïtiens, Nicaraguayens et Vénézuéliens. Ces dispositifs offrent un séjour temporaire avec droit au travail, sans garantir la résidence permanente ni la citoyenneté.

Chaque année, près de 1,2 million d’étrangers obtiennent la résidence permanente. Les principales voies sont : le regroupement familial (64 % des cas), le parrainage par un employeur (17 %), les protections humanitaires (réfugiés, demandeurs d’asile), et la loterie des visas de diversité.

Le système américain met un accent unique sur les liens familiaux, plus que sur les besoins économiques, contrairement à d’autres pays occidentaux.

L’immigration façonne profondément la société américaine, autant par sa diversité culturelle que par son impact économique et démographique. En clarifiant les statuts juridiques, les origines et les modes d’entrée, cette analyse met en lumière une réalité nuancée et largement encadrée par le droit.

À l’heure où le débat politique s’intensifie, notamment autour de la sécurité aux frontières et des programmes humanitaires, il est essentiel de fonder les discussions sur des faits vérifiables. Les immigrés continuent de jouer un rôle clé dans l’avenir du pays, malgré les tensions, les défis et les réformes en cours.

https://www.migrationpolicy.org/content/who-is-us-immigrant