Les autorités du Connecticut s’efforcent de comprendre et d’anticiper les conséquences du vaste projet de loi budgétaire signé par le président Donald Trump, qui introduit des exigences de travail pour bénéficier du programme Medicaid, connu localement sous le nom de HUSKY Health.
Depuis la promulgation de la loi, vendredi dernier, les responsables de l’État du Connecticut sont en état d’alerte. La commissaire du Département des services sociaux, Andrea Barton Reeves, a admis que son équipe n’a découvert les détails des nouvelles règles que très récemment, rendant la planification extrêmement complexe. « Sans les règles précises sur les exigences de travail et sans la version finale du projet de loi, tout ce que nous pouvions faire, c’était deviner de manière éclairée ce qui allait arriver », a déclaré Barton Reeves.
La nouvelle législation impose des conditions de travail aux bénéficiaires de Medicaid à partir de janvier 2027 — une échéance qui intervient juste après les élections de mi-mandat de 2026, ce qui suscite l’inquiétude des élus démocrates de l’État. Le gouverneur Ned Lamont n’exclut pas la tenue d’une session extraordinaire du parlement d’ici septembre pour se préparer à l’impact budgétaire des coupes fédérales.
« Ce projet de loi a changé 30 fois au cours des 30 derniers jours. Il a été adopté il y a à peine 72 heures. Chaque commissaire analyse l’impact sur son budget actuel et sur les cinq années à venir », a souligné Lamont lors d’une conférence de presse lundi.
Le Connecticut n’est pas seul face à ce défi. À ce jour, la Géorgie est le seul État américain à appliquer une telle exigence de travail pour Medicaid. Cela signifie que le Connecticut devra bâtir une structure inédite pour déterminer les bénéficiaires concernés, la mise en œuvre concrète des nouvelles règles, et surtout, comment les expliquer clairement aux milliers de familles dépendant du programme.
Barton Reeves a rappelé que selon une étude récente de la Kaiser Family Foundation, 73 % des bénéficiaires du programme HUSKY et 60 % de ceux du SNAP (aide alimentaire) dans l’État travaillent déjà. Ces chiffres soulignent les efforts réels des populations vulnérables, contrairement à l’image parfois véhiculée dans le débat public.
« Il y a une forme de cynisme derrière cette loi. Beaucoup des effets les plus néfastes ne se verront qu’après les élections de 2026 », a dénoncé Lamont.
Du côté de la Maison-Blanche, l’administration Trump défend farouchement sa position, assurant que le “One Big Beautiful Bill” ne réduit en rien les aides de Medicaid. Au contraire, le gouvernement affirme qu’il vise à éliminer le gaspillage, les fraudes et les abus, tout en protégeant les groupes « réellement vulnérables » comme les femmes enceintes, les enfants, les personnes âgées et les familles à faibles revenus.
« Le projet de loi protège Medicaid pour ceux qui en ont véritablement besoin, tout en imposant des exigences de travail et en excluant les immigrants illégaux », peut-on lire dans une fiche technique publiée par la Maison-Blanche.
Malgré ces assurances, le flou demeure sur la façon dont les nouvelles mesures seront appliquées sur le terrain, et sur les conséquences réelles pour les bénéficiaires. Le Connecticut se retrouve à devoir faire face à une réforme de grande ampleur sans feuille de route précise, dans un climat politique tendu et à fort enjeu électoral.
Les prochains mois seront donc décisifs. Entre exigences fédérales, réalités locales et contraintes budgétaires, les autorités du Connecticut devront agir vite pour éviter que des milliers de personnes ne se retrouvent sans couverture médicale dans un système de santé déjà sous pression.
Source : WSHU
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