L’agence fédérale Immigration and Customs Enforcement (ICE), chargée de l’application des lois sur l’immigration aux États-Unis, serait au bord de la faillite budgétaire. Selon un rapport exclusif du média Axios, ICE a déjà dépassé son budget de plus d’un milliard de dollars et pourrait se retrouver à court de liquidités dès le mois prochain.



La situation financière alarmante découle directement de la politique migratoire agressive menée par l’administration Trump, notamment les raids de grande envergure menés à travers tout le pays. Des sources au sein du Congrès ont indiqué qu’un tel dépassement constitue une violation directe de la loi fédérale américaine, en particulier du Antideficiency Act, qui interdit à toute agence fédérale de dépenser plus que les fonds qui lui ont été alloués par le Congrès.

Le sénateur démocrate Chris Murphy (Connecticut) n’a pas mâché ses mots, déclarant à Axios : « Le DHS de Trump dépense comme des marins ivres. Ils ont dépassé de près d’un milliard de dollars le budget autorisé pour l’ICE, et c’est tout simplement illégal. »

Le Government Accountability Office (GAO), organe de surveillance budgétaire du Congrès, a rappelé que toute violation du Antideficiency Act expose les directeurs d’agence à des sanctions pénales. Cela pourrait donc potentiellement engager la responsabilité personnelle des dirigeants du Département de la Sécurité intérieure (DHS), qui supervise l’ICE.

Les inquiétudes budgétaires ne viennent pas uniquement du camp démocrate. Le représentant républicain Mark Amodei (Nevada) a reconnu suivre « avec une grande vigilance » les discussions budgétaires au Sénat, soulignant que toute interruption de financement serait un problème majeur.

Malgré les alertes, certains responsables soupçonnent l’administration Trump de vouloir utiliser des dérogations exceptionnelles, comme celles liées à la sécurité nationale ou à la protection de la vie humaine, pour justifier la poursuite des dépenses. D’après un ancien haut fonctionnaire du budget cité par Axios, l’administration pourrait s’auto-autoriser à continuer ses opérations coûteuses malgré le déficit.

Pour tenter de combler le gouffre budgétaire, le DHS aurait transféré récemment près de 500 millions de dollars vers l’ICE, mais cela reste insuffisant. En mars dernier, le Département avait déjà demandé au moins 2 milliards de dollars supplémentaires pour pouvoir maintenir ses activités jusqu’à la fin de l’année fiscale, soit septembre 2025.

Dans un communiqué, la sous-secrétaire à la communication du DHS, Tricia McLaughlin, a défendu les dépenses en invoquant la vision du président Trump : « Le ‘Big Beautiful Bill’ du président Trump est essentiel pour garantir la sécurité de notre nation à long terme et répondre à l’exigence de sécurité du peuple américain. »