L’Office de la Protection du Citoyen (OPC) tire la sonnette d’alarme sur l’urgence humanitaire provoquée par la violence des gangs



Port-au-Prince, avril 2025 – Un rapport de 67 pages publié par l’Office de la Protection du Citoyen (OPC) révèle une réalité bouleversante : plus de 1,2 million de personnes ont été contraintes de fuir leurs quartiers en raison de l’intensification de la violence armée dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Parmi ces déplacés, on compte des hommes, des femmes, des enfants, des nourrissons et des personnes âgées, qui tentent de survivre dans des conditions indignes.

Répartis dans 104 camps de fortune improvisés dans des écoles, universités ou bâtiments publics tels que le ministère de la Culture ou le bureau de l’OPC à Bourdon, ces déplacés vivent dans des lieux surpeuplés, sans hygiène, sans intimité et sans espoir. Le rapport documente un quotidien fait de manque d’eau potable, d’absence totale de soins de santé, de promiscuité extrême, et d’un niveau d’insécurité alarmant. Certaines femmes sont contraintes de se prostituer pour subvenir à leurs besoins, d’autres accouchent sans assistance médicale, tandis que des enfants abandonnent l’école et des personnes âgées dorment à la belle étoile.

Des épidémies comme la gale, le choléra, et d’autres infections prolifèrent dans ces espaces insalubres, menaçant davantage une population déjà brisée. L’OPC pointe une défaillance flagrante de l’État haïtien, incapable de protéger sa population ni de coordonner efficacement les actions des ONG nationales et internationales. Le rapport insiste sur le fait que les déplacés internes ont droit à une protection, à un niveau de vie suffisant et à une assistance humanitaire, comme stipulé par les Principes directeurs des Nations Unies. Des droits qui, selon l’OPC, sont largement bafoués en Haïti.

Le magistrat Jean Wilner Morin, directeur de l’institution, souligne l’absence totale d’un plan d’action gouvernemental pour sécuriser les zones d’origine, organiser le retour ou encore reconstruire les communautés dévastées. Le rapport appelle à une action rapide, structurée et responsable.

« Les déplacés ne demandent pas la charité, mais la justice, la reconnaissance de leurs droits et la possibilité de vivre en sécurité dans leur pays », insiste l’OPC, qui conclut sur une note alarmante : « Il ne faut pas laisser cette crise pourrir, au risque d’entériner l’échec d’un contrat social déjà fragile. Dans ce drame silencieux, c’est toute la République qui vacille. »