Au cœur des montagnes du Nord d’Haïti, Dondon s’impose comme un trésor vivant du patrimoine haïtien. Avec ses grottes sacrées, ses paysages à couper le souffle et ses traditions enracinées dans les cultures taïno, africaine et européenne, cette commune incarne la richesse de l’histoire et de la spiritualité de nos ancêtres.
Dondon, niché à plus de 400 mètres d’altitude, est bien plus qu’un simple village du département du Nord. C’est un sanctuaire de mémoire, une terre où l’écho des civilisations passées résonne encore dans la roche. Depuis l’époque précoloniale, cette commune a vu défiler les peuples et les croyances, bâtissant au fil des siècles une identité unique et puissante.
Avant même l’arrivée des colons, les Taïnos, premiers habitants de l’île, avaient fait des grottes de Dondon des lieux de culte dédiés à leurs dieux. Ces cavités, profondes et mystérieuses, comme la Voûte des Dames, la Voûte de Minguet ou encore la grotte Marc-Antoine, étaient alors considérées comme des portails vers le monde des esprits. Aujourd’hui encore, certaines d’entre elles sont fréquentées par des adeptes du vodou haïtien, preuve de la continuité spirituelle qui lie les générations.
Ces grottes aux parois gravées de pétroglyphes constituent une richesse archéologique inestimable. Elles témoignent de la foi, du savoir-faire et de la vision cosmique de nos ancêtres. Le calcaire du sol, abondant dans la région, a facilité la formation de ces cavités naturelles, faisant de Dondon l’un des hauts lieux de l’éco-tourisme haïtien.
Mais Dondon, c’est aussi une mémoire coloniale. Le territoire, autrefois appelé « Trou-Dondon », fut concédé à André Minguet, un chirurgien-boucaniers français, à la fin du XVIIe siècle. La commune fut érigée officiellement dès 1698, l’une des plus anciennes du pays. Son histoire, entre résistance, colonisation et renaissance, est un miroir de celle de toute Haïti.
Chaque année, la fête patronale de Saint Martin de Tours, célébrée du 9 au 11 novembre, attire des milliers de pèlerins. Ce moment sacré mêle foi catholique et spiritualité vodou dans une explosion de couleurs, de chants, de danses et d’offrandes. Les tambours résonnent, les griots racontent, les kleren coulent : la mémoire prend vie.
Autre événement majeur, le Festival de Dondon en juillet, met à l’honneur la culture locale, les traditions agricoles et le patrimoine naturel de la commune. Conférences, excursions, baignades dans les rivières voisines : tout y est pour éveiller l’esprit et le cœur.
Avec ses cinq sections communales — Brostage, Bassin Caïman, Matador, Laguille et Haut-du-Trou — et ses quelque 34 000 habitants, Dondon est un exemple de résilience et de fierté patrimoniale. Son économie repose sur la culture du café, du cacao, du citron et de la canne à sucre, des productions qui s’enracinent dans une terre fertile, mais surtout dans un savoir transmis depuis des siècles.
Enfin, comment parler de Dondon sans évoquer le Morne Bouk ? Cette montagne imposante, en forme de femme allongée, est à l’origine du nom de la commune. Les premiers colons la surnommèrent « dondon » en référence à sa forme, et ce nom devint l’étendard d’un lieu où la nature et l’histoire ne font qu’un.
Dondon n’est pas qu’une commune. C’est une œuvre, un héritage, une promesse. Celle que les ancêtres, dans leur sagesse et leur force, nous ont léguée. Et qu’il nous revient aujourd’hui de préserver, faire vivre, et célébrer.
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