À 92 ans, le président camerounais Paul Biya, plus vieux chef d’État en exercice dans le monde, a annoncé ce lundi 15 juillet 2025 qu’il briguerait un huitième mandat lors de l’élection présidentielle du 12 octobre prochain.
La nouvelle, confirmée par un message publié sur ses réseaux sociaux officiels, a provoqué un vif émoi dans tout le pays et au sein de la communauté internationale. « Je suis candidat à l’élection présidentielle du 12 octobre », a déclaré Paul Biya. « Soyez assurés que ma détermination à vous servir est à la hauteur des défis importants auxquels nous sommes confrontés. »
Avec près de 43 années au pouvoir, Paul Biya est une figure emblématique du continent africain, mais aussi l’un des dirigeants les plus controversés. Depuis 1982, il gouverne d’une main ferme un pays confronté à de multiples crises : insécurité dans les régions anglophones, corruption endémique, crise économique persistante, et tensions sociales exacerbées par un chômage élevé chez les jeunes.
Sa réélection en 2018 avait été marquée par des accusations de fraude électorale et une abstention massive, notamment dans les zones anglophones où l’armée mène une lutte armée contre des groupes séparatistes. Son régime est régulièrement pointé du doigt par les ONG internationales pour les violations des droits humains, la répression politique et la restriction des libertés fondamentales.
La diaspora camerounaise, très mobilisée ces dernières années, s’est exprimée en grande partie contre cette candidature, dénonçant une fuite en avant d’un régime « fatigué », et réclamant un renouveau démocratique. Mais du côté du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), parti au pouvoir, on défend la stabilité incarnée par Paul Biya dans un contexte régional instable, où les coups d’État se sont multipliés.
En se représentant à 92 ans, Paul Biya défie les appels au changement générationnel, dans un pays où plus de 70 % de la population a moins de 30 ans. Une contradiction saisissante entre l’âge du chef de l’État et les aspirations de sa jeunesse, en quête d’emploi, de liberté et de justice sociale.
À moins de trois mois du scrutin, le climat politique camerounais s’annonce sous haute tension. Et l’annonce de Paul Biya réactive un débat profond sur la démocratie, la longévité au pouvoir et la transition politique en Afrique centrale.
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