Une initiative bipartisane portée par deux membres influents du Congrès américain vise à forcer le Département d’État à élaborer une stratégie complète pour faire face à la montée de la violence des gangs en Haïti.



Face à l’aggravation alarmante de l’insécurité en Haïti, un nouveau projet de loi baptisé “SAK PASE Act” – pour Strategic Action for Key Haitian Security Priorities – a été présenté cette semaine au Congrès américain. Ce texte bipartite est porté par Gregory W. Meeks, représentant démocrate de New York et membre de la Commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants, et par Gregory Murphy, M.D., républicain de Caroline du Nord. Ensemble, ils appellent à une réponse claire et structurée de la diplomatie américaine face à la crise haïtienne, qui ne cesse de s’enliser.

L’objectif principal de cette législation est d’obliger le Département d’État à concevoir, mettre en œuvre et rapporter une stratégie complète et coordonnée afin de contenir la violence des gangs, soutenir les efforts locaux pour une stabilité durable, et favoriser une sortie de crise dirigée par les Haïtiens eux-mêmes.

Concrètement, le “SAK PASE Act” prévoit plusieurs mesures clés :

Le Secrétaire d’État devra soumettre au Congrès, dans un délai de 90 jours après l’adoption de la loi, une stratégie globale pour faire face à l’insécurité généralisée, rétablir l’ordre public et soutenir les efforts de gouvernance démocratique.

Cette stratégie devra être élaborée en consultation avec des acteurs essentiels, notamment la société civile haïtienne, les partenaires régionaux et internationaux comme CARICOM, le Canada, l’Union européenne, les Nations unies et d’autres institutions œuvrant dans la gestion de crise et le développement.

Un rapport détaillé sur l’évolution et la mise en œuvre de cette stratégie devra être remis au Congrès 120 jours après sa soumission initiale, puis actualisé chaque année pendant cinq ans.

Cette proposition intervient alors que la situation en Haïti atteint des niveaux de violence inédits. Les gangs armés contrôlent désormais une grande partie de Port-au-Prince et de ses environs, tandis que les institutions politiques peinent à reprendre le contrôle. Pour de nombreux observateurs, l’absence d’un plan cohérent et d’un engagement clair de la communauté internationale, notamment des États-Unis, a permis aux groupes armés de se renforcer.

En appelant à une approche structurée, transparente et dirigée par les Haïtiens, le “SAK PASE Act” entend combler ce vide stratégique. Il pourrait également servir de modèle pour les futures réponses américaines aux crises humanitaires et sécuritaires dans la région caraïbéenne.