Pour atteindre son objectif d’un million d’expulsions par an, l’administration Trump a déployé une stratégie technologique sans précédent, mobilisant une vaste interconnexion de bases de données gouvernementales et privées pour traquer les immigrants sans papiers.
À l’aide du Département de l’efficacité gouvernementale (DOGE), dirigé par Elon Musk, la Maison-Blanche a transformé l’appareil administratif américain en une machine de surveillance migratoire redoutable. En brisant les barrières historiques entre agences, DOGE a obtenu l’accès à des bases de données sensibles couvrant les impôts (IRS), la santé (HHS), les prestations sociales (SNAP, Medicaid), les dossiers éducatifs, et même les informations des services postaux. L’objectif : repérer, suivre et expulser à grande échelle les personnes jugées expulsables.
Ce dispositif inclut aussi l’exploitation des fichiers de l’USCIS (immigration et naturalisation), de la sécurité sociale (SSA), des bases électorales, et des tribunaux d’immigration. Le tout combiné pour alimenter une base centrale appelée ImmigrationOS, développée par l’entreprise Palantir, sous-traitant historique de l’ICE. Doté d’intelligence artificielle, ImmigrationOS permettra de croiser données personnelles, antécédents judiciaires, liens criminels supposés, et suivi en temps réel du parcours des sans-papiers. Un prototype est attendu dès septembre.
Les défenseurs des libertés civiles dénoncent un système de surveillance qui menace la vie privée de tous les résidents américains, citoyens compris. D’autant que le programme SAVE, récemment repensé par DOGE, rend désormais possible à n’importe quel fonctionnaire fédéral ou local de vérifier en ligne le statut migratoire de toute personne sollicitant une aide publique.
Derrière la façade d’efficacité gouvernementale, l’objectif assumé est d’instiller la peur pour provoquer des départs « volontaires », tout en facilitant des expulsions massives ciblées. En 2022 déjà, l’ICE disposait d’adresses pour trois adultes sur quatre vivant aux États-Unis, selon les analystes du secteur. Une puissance de feu numérique désormais amplifiée, dont l’impact pourrait profondément marquer la démocratie américaine.
Ce glissement vers un contrôle migratoire algorithmique, orchestré par le gouvernement Trump, redéfinit la frontière entre sécurité nationale, politique migratoire et surveillance de masse. Les mois à venir diront si cette stratégie deviendra la norme ou sera freinée par les contre-pouvoirs institutionnels et judiciaires.
Source : https://www.migrationpolicy.org/article/trump-ice-data-surveillance?eType=EmailBlastContent&eId=cfd2f9be-8101-4ca2-a31f-f80c580d54d5
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