L’Hôpital Universitaire de Mirebalais, fleuron du système de santé haïtien, a fermé ses portes "jusqu'à nouvel ordre" en raison de l'insécurité croissante. Contrôlé par des gangs armés, Mirebalais symbolise l'effondrement des soins de santé en Haïti.
Dans un pays où les infrastructures médicales sont déjà précaires, la fermeture de l’Hôpital Universitaire de Mirebalais représente un coup dur pour le système de santé haïtien. Situé dans le centre du pays, cet établissement de 205 000 pieds carrés, autrefois perçu comme le plus moderne et le plus crucial d’Haïti, a été contraint de suspendre ses activités indéfiniment à cause de la violence croissante des gangs armés dans la région.
Selon le Miami Herald, l’hôpital, connu en créole et en français sous le nom de l’Hôpital Universitaire de Mirebalais, a été fondé par le regretté Dr Paul Farmer, à travers l’organisation Partners In Health (Zanmi Lasante). Il symbolisait l’espoir médical pour les plus démunis des zones rurales du pays. Doté de plus de 300 lits, d’une alimentation électrique solaire, et du soutien de médecins internationaux, l’établissement offrait des soins gratuits contre le cancer, l’insuffisance rénale, et avait même réalisé la seule opération réussie de séparation de jumelles siamoises dans les Caraïbes, en 2015, menée par le Dr Henri Ford.
Mais cette lueur d’espoir s’est éteinte lorsque les gangs ont pris d’assaut la ville de Mirebalais, pillé des installations, et imposé leur contrôle total sur la zone. Face à cette escalade, l’hôpital a évacué son personnel et ses patients, et annoncé une fermeture jusqu'à nouvel ordre, évoquant une situation sécuritaire gravement détériorée.
« Cet hôpital représentait ce que les Haïtiens peuvent bâtir avec du soutien et de la vision », a déclaré le Dr Henri Ford, actuel doyen de la Miller School of Medicine de l’Université de Miami, soulignant le rôle central de cet établissement dans le système de santé national.
Depuis le début de l’année, les attaques ciblées contre les centres médicaux se multiplient. Des cliniques ont été incendiées, des stocks médicaux pillés, et plusieurs établissements transformés en bases opérationnelles de gangs. À Mirebalais, panneaux solaires, équipements et médicaments ont été volés, aggravant une situation déjà dramatique.
Les groupes armés responsables, notamment les gangs 400 Mawozo et Canaan, affiliés à la coalition Viv Ansanm, contrôlent désormais près de 90 % de Port-au-Prince. Le 31 mars dernier, une opération coordonnée de ces groupes a permis la libération de plus de 500 détenus de la prison de Mirebalais et causé la mort de dizaines de personnes, dont des forces de sécurité et des civils armés.
La fermeture de l’Hôpital Universitaire de Mirebalais n’est pas qu’un événement tragique : elle est le symbole vivant de l’effondrement progressif de l’État haïtien, où même la santé publique devient une victime directe de l’impunité et du chaos sécuritaire.
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