Le 18 juillet 2025, la France remettra au Sénégal la dernière base militaire qu’elle occupait, mettant un terme à plus de soixante ans de présence militaire continue. Ce retrait symbolise une redéfinition majeure des relations stratégiques entre Paris et Dakar, centrée sur la souveraineté et la coopération équilibrée.



La page se tourne à Dakar. Le 18 juillet 2025, la France remettra officiellement la base militaire de Ouakam aux autorités sénégalaises, ultime vestige d'une présence militaire française au Sénégal entamée au lendemain de l'indépendance. Cette décision historique, annoncée par l’ambassadrice de France au Sénégal et en Gambie, Christine Fages, lors des célébrations du 14 juillet à Dakar, vient clore un chapitre de plus de six décennies d'implantation militaire française dans le pays.

Cette transition s’inscrit dans le cadre d’une reconfiguration stratégique décidée par Paris dès 2022, dans une volonté de rééquilibrer ses partenariats en Afrique. « Conformément aux orientations établies par le président Emmanuel Macron, la France va restituer toutes les emprises militaires occupées par les Éléments français au Sénégal (EFS) », a déclaré la diplomate, aux côtés du ministre sénégalais Mary Teuw Niane.

Le processus de retrait a commencé par la remise, le 1er juillet, de la station d’émission interarmées de Rufisque, utilisée depuis 1960 pour les communications stratégiques dans l’Atlantique sud. Des installations militaires emblématiques comme les emprises Maréchal, Saint-Exupéry et le quartier Contre-Amiral Protet ont déjà été transférées au cours des derniers mois.

Ce retrait marque un tournant : il ne s'agit pas d'une rupture, mais d'une refondation. Les présidents Bassirou Diomaye Faye et Emmanuel Macron ont affiché, lors de leur rencontre en juin à Séville, leur volonté commune d’ancrer la coopération militaire franco-sénégalaise dans un partenariat respectueux, transparent et mutuellement avantageux.

La nouvelle ère annoncée sera axée sur le renforcement des capacités nationales : formation des officiers, échange d’expertise, appui logistique et interopérabilité. Un séminaire intergouvernemental prévu à Dakar d’ici la fin de l’année en définira les contours.

Alors que le Sénégal affirme de plus en plus sa souveraineté stratégique, cette étape marque également une évolution du rôle de la France en Afrique. Moins d’emprises physiques, plus de partenariats techniques et diplomatiques : la coopération militaire entre Dakar et Paris entre désormais dans une phase de maturité et d’équilibre, à l’image des nouveaux enjeux géopolitiques du continent.