Le rapport UBS sur la richesse mondiale en 2025 révèle une concentration inédite du capital dans les mains des Américains, qui représentent désormais 40 % des millionnaires mondiaux.



La dynamique de l’accumulation de richesse aux États-Unis a connu une accélération spectaculaire en 2024. D’après le dernier Global Wealth Report publié par la banque suisse UBS, 379 000 nouveaux millionnaires en dollars ont été recensés sur le territoire américain au cours de l’année écoulée — soit plus de 1 000 chaque jour. Une cadence vertigineuse, nourrie par des marchés financiers euphoriques et un dollar resté étonnamment stable.

Avec près de 40 % des millionnaires du monde, les États-Unis confirment leur statut de premier creuset mondial de la richesse individuelle. L’Amérique ne crée pas seulement des entreprises à succès ; elle façonne aussi, chaque jour, une élite économique de plus en plus concentrée, symbole des inégalités croissantes et des opportunités déséquilibrées.

Au niveau mondial, la richesse a progressé de 4,6 %, dopée par une performance exceptionnelle du continent américain (+11 %), loin devant l’Europe ou l’Asie. Ce boom est toutefois très polarisé. Si la Chine élargie (Chine continentale, Hong Kong, Taïwan) représente 28,2 % des individus avec un patrimoine compris entre 100 000 et 1 million de dollars, plus de 80 % de la population mondiale reste en dessous du seuil des 100 000 dollars d’actifs.

La géographie de la richesse mondiale dessine un contraste saisissant. L’Europe de l’Ouest arrive juste derrière la Chine élargie avec 25,4 % de la tranche intermédiaire de patrimoine, tandis que l’Amérique du Nord suit avec 20,9 %. Cette répartition révèle une bifurcation structurelle entre les classes moyennes émergentes d’Asie et les ultra-riches du monde occidental, où le phénomène de capitalisation s’accélère.

La montée en puissance des fortunes américaines pose également la question de leur impact économique et politique. Alors que la classe moyenne se rétracte sous l’effet de l’inflation et de la hausse des taux, cette nouvelle aristocratie financière accentue sa présence dans les marchés immobiliers, l’investissement technologique et même dans la sphère politique.

Ce rapport met en lumière une fracture patrimoniale croissante, accentuée par des politiques monétaires différenciées et une capacité inégale à profiter des rendements du capital. Derrière l’explosion des millionnaires se cache un monde profondément déséquilibré, où l’ascension sociale est moins le fruit du travail que celui de la possession.

Dans une Amérique qui produit des millionnaires à la chaîne, la question de la redistribution, de la régulation des marchés financiers et de l’accès équitable aux opportunités économiques demeure plus urgente que jamais.