Alors que la violence des gangs s’intensifie, Haïti fait face à une crise humanitaire sans précédent. Selon le Programme alimentaire mondial, plus de 1,3 million de personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays, aggravant une insécurité alimentaire déjà critique.
La situation humanitaire en Haïti atteint un seuil critique. Dans un entretien accordé à l’agence EFE, Lola Castro, directrice régionale du Programme alimentaire mondial (PAM) pour l’Amérique latine et les Caraïbes, a tiré la sonnette d’alarme : le pays est confronté à une explosion sans précédent du nombre de déplacés internes, conséquence directe de la violence généralisée des groupes armés.
Selon les derniers chiffres de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 1,3 million de personnes ont été contraintes de fuir leur domicile à travers le territoire. Cela représente près de 10 % de la population haïtienne, un chiffre qui témoigne de l’ampleur de cette crise. Pour Lola Castro, ce seuil est « extrêmement préoccupant » et expose le pays à un effondrement social total.
« Lorsqu’un dixième de la population est déjà déplacé, n’est pas chez lui et ne peut pas produire, nous avons un grave problème », a déclaré la responsable du PAM. Cette mobilité forcée a des répercussions directes sur la sécurité alimentaire, alors que plus de la moitié des 11 millions d’Haïtiens souffrent déjà d’un accès insuffisant à la nourriture.
Les centres de déplacement improvisés, souvent installés dans des bâtiments publics ou des abris temporaires, présentent des conditions de vie inhumaines : « Les gens dorment à même le sol. Il n’y a pas d’eau, pas de nourriture, pas de toilettes », a détaillé Lola Castro, soulignant le dénuement absolu dans lequel vivent des centaines de milliers de personnes.
Cette dégradation rapide est principalement causée par la recrudescence des affrontements armés entre gangs, qui contrôlent de larges portions du territoire, y compris des zones urbaines densément peuplées comme Port-au-Prince. Les civils fuient les combats, les pillages, les viols, les incendies de maisons, sans aucune protection de la part de l’État, désormais quasi absent.
Face à cette crise multidimensionnelle — sécuritaire, alimentaire, sanitaire et institutionnelle — le PAM, aux côtés d’autres agences onusiennes et ONG, appelle à une mobilisation internationale urgente. L’objectif : éviter une catastrophe humanitaire généralisée dans un pays où les ressources humanitaires sont déjà largement insuffisantes.
Le contexte géopolitique complique encore davantage les efforts de secours. La faible capacité de l’État haïtien à sécuriser les corridors humanitaires, l’instabilité institutionnelle persistante et la méfiance généralisée compliquent la mise en œuvre d’une réponse coordonnée. Pourtant, selon les humanitaires, le temps presse : sans soutien massif et immédiat, des milliers de familles risquent de mourir de faim, de maladies ou de violences.
Haïti se trouve aujourd’hui au bord du gouffre. Le monde regarde. Mais l’urgence, elle, ne peut plus attendre.
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