L’activité économique haïtienne continue de fléchir sous le poids de l’insécurité, des tensions structurelles et de la chute de la demande intérieure, comme le révèle la dernière note de conjoncture publiée par l’IHSI. L’indicateur ICAE (Indicateur Conjoncturel d’Activité Économique) affiche des signaux d’alarme au premier trimestre de l’exercice fiscal 2024-2025.



L’économie haïtienne peine à se relever. Au premier trimestre de l’exercice fiscal 2024-2025, l’indice ICAE global montre une contraction dans plusieurs secteurs clés, confirmant une tendance déjà observée l’année précédente. Selon l’Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique (IHSI), les moteurs traditionnels de la croissance demeurent affaiblis par un contexte sécuritaire délétère et une consommation intérieure atone.

Le secteur de la construction, souvent considéré comme baromètre de la relance économique, a vu son indice passer de 138,2 à 128,8, enregistrant une baisse de 6,8 % en glissement annuel. Cette décroissance est corrélée à la baisse de la consommation de matériaux de construction, reflet direct du ralentissement des chantiers privés et publics.

Du côté de la production et distribution d’électricité et d’eau, une diminution de 2,8 % est notée, conséquence de la faiblesse des investissements et de la dégradation des infrastructures essentielles. Le secteur tertiaire, pilier de l’économie haïtienne, n’est pas en reste. Il affiche une baisse globale de 1,4 %, marquée notamment par un repli des branches du commerce, du transport, de l’hôtellerie et des services marchands.

Le commerce enregistre une chute de 3,5 %, résultat d’un recul combiné du commerce formel et informel. L’indice des restaurants et hôtels a baissé de 6,5 %, affecté directement par l’insécurité qui continue de décourager les visiteurs et de paralyser l’activité touristique.

Quant aux transports et communications, l’indice a progressé de 0,9 %, une hausse modérée attribuée à la croissance du segment des télécommunications. Le secteur financier, à l’opposé, s’illustre positivement : son ICAE a augmenté de 1,1 %, grâce notamment à la croissance des "autres revenus" dans les banques commerciales.

Cependant, les autres services marchands, incluant l’immobilier, la santé et l’éducation, ont affiché une baisse de 4,4 %, alors que les services non marchands ont connu une amélioration de 2,5 %, soutenus par la hausse de la masse salariale dans l’administration publique.

Les contributions sectorielles à l’évolution de l’ICAE traduisent un ralentissement généralisé. Seules les télécommunications, certains services financiers et les services non marchands affichent un impact légèrement positif, tandis que les secteurs liés à l’agriculture, la construction, l’industrie et les services marchands enregistrent un effet négatif sur l’économie globale.

Dans ce paysage économique morose, les perspectives restent incertaines. La combinaison d’une crise sécuritaire chronique, d’une faible mobilisation des investissements et d’un pouvoir d’achat en berne rend tout rebond conjoncturel difficile à envisager. La stabilisation macroéconomique d’Haïti exige aujourd’hui un plan d’action coordonné, structuré autour de la sécurité, de l’investissement productif, de l’inclusion sociale et de la reconstruction des services de base. Sans cela, l’indice ICAE pourrait continuer à refléter un pays en lente érosion économique.

Source IHSI
https://ihsi.gouv.ht/public/storage/icae-datas/April2025/fcewWuYreFbanFTaMGjv.pdf