L’agence américaine de l’immigration (ICE) durcit le ton : toute personne vivant aux États-Unis sans autorisation légale est désormais exposée à une arrestation, indépendamment de son passé judiciaire, selon les déclarations de son directeur par intérim, Todd Lyons, à CBS News.



Fini la tolérance, même relative. Dans une entrevue exclusive accordée à Face the Nation le 15 juillet 2025, Todd Lyons, directeur par intérim de l’Immigration and Customs Enforcement (ICE), a confirmé un changement de cap radical dans la politique migratoire américaine.

« Peu importe le casier judiciaire, si vous êtes en situation irrégulière et que vous êtes découvert, vous serez interpellé », a averti Lyons, précisant que les arrestations dites “collatérales” vont se multiplier dans les villes et États refusant de coopérer avec les autorités fédérales.

Alors que sous l’administration Biden les priorités de l’ICE étaient centrées sur les criminels dangereux et les menaces à la sécurité nationale, la nouvelle doctrine initiée par l’administration Trump mise sur la tolérance zéro envers les migrants sans papiers, quels que soient leurs profils ou leurs parcours.

Parallèlement, les opérations ciblant les lieux de travail ont repris à grande échelle, après une interruption sous la précédente administration. Dans plusieurs États — Nebraska, Louisiane, Californie —, des centaines de personnes ont été arrêtées dans des usines, fermes, champs de courses et même des exploitations de cannabis. Dix mineurs figurent parmi les interpellés, illustrant la dimension humaine et souvent tragique de ces interventions.

Pour Todd Lyons, ces entreprises exploitent sciemment la vulnérabilité des migrants, certains cas relevant même de travail forcé ou de traite d’enfants. « Ce ne sont pas des infractions sans victimes », a-t-il souligné, en appelant à une responsabilisation accrue des employeurs.

L’ICE entend profiter de nouveaux moyens budgétaires massifs accordés par le Congrès pour atteindre l’objectif fixé par Donald Trump : un million d’expulsions en une année fiscale. Rien que pour les six premiers mois du second mandat, 150 000 personnes ont déjà été expulsées, dont 70 000 avec un casier judiciaire, selon des chiffres communiqués par CBS News. Toutefois, de nombreuses infractions recensées sont mineures ou strictement liées au statut migratoire.

Cette stratégie offensive illustre une rupture complète avec les orientations plus sélectives de l’ère Biden, où l’on favorisait la discrétion et la hiérarchisation des interventions. Désormais, l’ICE agit en force, sur le terrain, et veut marquer les esprits.

Ces annonces suscitent l’inquiétude chez les défenseurs des droits humains et les avocats spécialisés en immigration. Nombre d’entre eux redoutent que les arrestations aléatoires, la pression sur les employeurs et la peur de la dénonciation ne contribuent à marginaliser davantage des populations déjà précarisées.

La rhétorique de l’administration Trump, réactivée par Todd Lyons, ne laisse guère de doute sur les intentions fédérales : intensifier les expulsions, criminaliser la présence sans papiers, et restaurer la dissuasion par la force. Une politique qui, selon ses promoteurs, vise à « reprendre le contrôle » de la frontière et du système migratoire.

Mais pour beaucoup, ce retour à une immigration punitive pourrait avoir un coût humain et social considérable, en écartant des travailleurs intégrés, des familles établies de longue date, et des jeunes sans casier mais sans statut.