Dans un document de 37 pages soumis au gouvernement fédéral, la Floride dévoile une stratégie agressive visant à renforcer l’arrestation, la détention et l’expulsion des immigrants sans papiers. Plus de 1 120 arrestations ont déjà été réalisées dans le cadre de l’“Opération Tidal Wave”, alors que les critiques dénoncent une dérive autoritaire et anticonstitutionnelle.



L’administration du gouverneur Ron DeSantis, dans une démonstration d’alignement total avec la politique migratoire du président Donald Trump, a présenté un plan détaillé qui ambitionne de faire de la Floride un pilier central de la répression contre l’immigration illégale. Ce document de 37 pages, transmis au gouvernement fédéral, expose une stratégie où l’État participerait activement à l’identification, l’arrestation, la détention et l’expulsion des immigrés sans papiers.

Le plan, qui se veut une réponse aux « goulots d’étranglement » que rencontrent les agences fédérales telles que l’Immigration and Customs Enforcement (ICE) et le Customs and Border Protection (CBP), prévoit une coopération étroite entre l’État de Floride et ces institutions. Dans cette logique, la Floride mobilise un éventail impressionnant d’agences locales, y compris la Division de la gestion des urgences, la Garde nationale, la patrouille routière, le département des services correctionnels, la police de la faune et même le département de la santé.

Déjà, plus de 1 120 personnes ont été interpellées lors d’une opération baptisée “Tidal Wave”, coordonnée par les autorités fédérales et floridiennes. Cette campagne de grande envergure illustre concrètement la mise en œuvre de ce partenariat répressif. Selon le document, cette coopération vise à offrir une feuille de route pour les futures situations d’urgence migratoire.

Toutefois, cette stratégie n’est pas sans soulever de vives critiques. Des juristes, militants des droits humains et experts en droit constitutionnel dénoncent une dérive autoritaire et une violation potentielle de la Constitution. Ils affirment que l’État outrepasse ses prérogatives en agissant comme une force d’exécution fédérale, sans respect des droits fondamentaux des personnes interpellées.

Par ailleurs, selon un rapport du Pew Research Center publié en 2024, la Floride est l’un des six États ayant connu une forte croissance de sa population immigrée en situation irrégulière. Celle-ci est estimée à 1,2 million, avec une augmentation de plus de 400 000 personnes entre 2019 et 2022. Ces chiffres alimentent le débat politique sur l’ampleur de l’immigration clandestine et sur les réponses à y apporter.

Alors que les tensions s’intensifient entre défenseurs des droits humains et partisans d’un durcissement migratoire, la Floride semble assumer pleinement son rôle de fer de lance de la politique d’expulsion de l’ère Trump. Mais cette stratégie pourrait bien être contestée devant les tribunaux fédéraux, dans un climat politique déjà explosif.

Source: Miami Herald
Photo: Miami Herald