Donald Trump a signé une nouvelle proclamation interdisant l’entrée aux ressortissants de douze pays, dont Haïti, invoquant des préoccupations sécuritaires. Cette décision marque un tournant majeur dans sa politique migratoire, affectant directement des milliers d’Haïtiens, étudiants, familles et demandeurs d’asile.



En une seule journée, l'administration Trump a franchi un nouveau cap en matière de politique migratoire. Par une proclamation présidentielle signée ce mercredi 20 janvier 2025 — jour de sa prestation de serment pour un second mandat — Donald J. Trump a décrété une interdiction totale d’entrée sur le territoire américain pour les citoyens de douze pays, dont Haïti. Ce durcissement, pris sous le décret présidentiel 14161, s’inscrit dans le cadre de la stratégie baptisée « Protection des États-Unis contre les terroristes étrangers et autres menaces à la sécurité nationale et publique ».

La Maison Blanche justifie cette mesure par « l’incapacité persistante d’Haïti à garantir l’intégrité de ses systèmes d’identification, et son incapacité à coopérer en matière de sécurité avec les autorités américaines ». Les statistiques avancées dans le rapport officiel évoquent un taux de dépassement de séjour de plus de 31 % pour les titulaires de visas touristiques (B1/B2) et de plus de 25 % pour les détenteurs de visas étudiants ou professionnels (F, M, J).

Dans sa déclaration, Donald Trump insiste sur la nécessité de « protéger le peuple américain de ceux qui pourraient lui nuire en entrant sur notre territoire ». L’exécutif pointe une hausse inquiétante de l’immigration haïtienne irrégulière et affirme que celle-ci aurait contribué à « l’implantation de réseaux criminels transnationaux », compromettant ainsi « la sécurité des communautés locales ».

Aux côtés d’Haïti figurent l’Afghanistan, la Birmanie, le Tchad, la République du Congo, la Guinée équatoriale, l’Érythrée, l’Iran, la Libye, la Somalie, le Soudan et le Yémen — tous visés par une interdiction d’entrée totale. Sept autres pays, dont Cuba, le Venezuela et le Togo, feront quant à eux l’objet de restrictions ciblées et de contrôles renforcés.

Cette décision pourrait impacter des milliers d'étudiants, touristes et membres de familles haïtiennes déjà présents aux États-Unis. Des exceptions sont toutefois prévues pour les résidents permanents, détenteurs de visas valides, et certaines catégories dites d’« intérêt national ».

L’administration Trump fonde sa décision sur l’article 212(f) de la loi sur l’immigration et la nationalité, et s’appuie sur la jurisprudence « Trump v. Hawaii » de 2018 qui valide cette autorité présidentielle. Le président n’a pas hésité à présenter cette nouvelle proclamation comme une promesse tenue : « Nous allons rétablir l’interdiction de voyage — certains l’appellent le Trump travel ban — pour bloquer l’entrée des terroristes islamistes radicaux ».

Le durcissement de cette politique migratoire marque une nouvelle rupture avec la stratégie précédente. Il envoie un message fort à certains pays, dont Haïti, sommés d’améliorer leurs systèmes de sécurité sous peine d’une exclusion prolongée du territoire américain. Pour les ressortissants haïtiens, étudiants, travailleurs temporaires ou demandeurs d’asile, c’est une page sombre qui s’ouvre.