Né à Port-au-Prince en 1968, James Germain a consacré sa vie à une seule passion : le chant. Avec vingt ans de carrière, il réinvente la musique traditionnelle vaudou avec des sonorités antillaises, maliennes et béninoises, teintées de gospel, créant ainsi des interprétations et compositions uniques.



Port-au-Prince, la vibrante capitale d'Haïti, a vu naître en 1968 un artiste dont le parcours et le talent continuent d'enrichir la scène musicale haïtienne : James Germain. Grandissant dans le quartier populaire de Saint-Antoine, ce benjamin d'une famille de six enfants a toujours eu un amour profond pour le chant. Ses soirées d'enfance, rythmées par les histoires et les chants en famille, ont forgé son identité musicale unique.

James Germain, albinos de naissance, a affronté les défis et les préjugés dès son jeune âge. À l'école, il a trouvé dans le chant une échappatoire et une source de réconfort. À dix ans, il rejoignait la chorale de l'église avec sa sœur, amorçant ainsi son voyage musical. Grâce à un mécène bienveillant, il a pu suivre des cours de chant à l'Académie Promusica de Port-au-Prince, où il a été guidé par Angel Mendez. Ce mentor l'a initié à l'Opéra baroque et l'a préparé à devenir soliste vocal dans l'ensemble de Sainte-Trinité.

Cependant, c'est dans les chants vaudou que James a trouvé sa véritable passion. Ces chants, entendus plus ou moins secrètement durant son enfance, ont été redécouverts grâce à Lina Mathon Blanchet, une grande dame de la musique haïtienne. En 1989, à l'âge de vingt-deux ans, il obtient une bourse de la Coopération française et part en France. À Paris, il étudie le chant jazz et classique pendant près de quatre ans au Conservatoire Claude Debussy, au Conservatoire du XVIIe, et à l'École de Jazz du Centre d'Initiation Musicale, encouragé par la Haïtienne Mimi Barthélemy et les Zaïrois Ray Lema et Rido Bayonne.

Avec plus de vingt ans de carrière, James Germain a su réinventer la musique traditionnelle vaudou en y intégrant des influences antillaises, maliennes et béninoises, tout en y ajoutant une touche de gospel. Son troisième album, « Kréol Mandingue », produit au Mali, est une parfaite illustration de cette fusion musicale unique. Dans cet album, James exprime ses préoccupations sur l'état de son pays à travers des titres évocateurs comme « Peyi a », mettant en lumière l'importance de la culture haïtienne et le rôle crucial de l'éducation des jeunes.

James Germain est non seulement un artiste accompli mais aussi un citoyen engagé. Humaniste et mentor pour de nombreux jeunes, il utilise son art pour transmettre des messages de résilience et d'espoir. Ses interprétations et compositions sont profondément enracinées dans le répertoire des chants vaudou, qu'il teinte d'opéra et de gospel pour créer un univers musical à la confluence de ses racines afro-caribéennes et de ses influences lyriques.

James Germain, figure emblématique de la chanson et de la culture haïtienne, continue de marquer les esprits et de faire résonner les chants vaudou à travers le monde. Son parcours et son engagement sont une véritable source d'inspiration, rappelant à chacun l'importance de la culture et de l'éducation pour bâtir un avenir meilleur.