Lors des « Mardis de la Nation », le ministre du Commerce et de l’Industrie a dévoilé une feuille de route ambitieuse centrée sur l’entrepreneuriat, l’innovation industrielle et la protection des consommateurs, avec pour socle une économie inclusive et territorialisée.
C’est un tournant stratégique pour Haïti. Alors que le pays traverse une profonde crise sociopolitique, le ministre James Monazard, figure montante du gouvernement d’Alix Didier Fils-Aimé, a présenté une vision économique résolument orientée vers la proximité, la décentralisation productive et la modernisation structurelle. Au cœur de ce virage : une volonté d’investir dans le capital humain et les ressources locales, avec l’entrepreneuriat comme levier de souveraineté économique.
Le Programme d’Appui à l’Entrepreneuriat Féminin (PAEF) et le renforcement du Programme d’Appui à l’Entrepreneuriat des Jeunes (PAPEJ) en sont les premières expressions concrètes. En mai seulement, 41 entreprises ont été accompagnées, signalant une montée en puissance des initiatives privées sous encadrement public. De plus, les filières artisanales, longtemps marginalisées, bénéficieront d’un accès ciblé au Fonds de Développement Industriel (FDI), notamment dans la couture et la cordonnerie.
Mais c’est le projet de micro parcs industriels qui constitue l’innovation la plus structurante. Inspirés d’une logique coopérative, ces pôles de production territorialisés misent sur l’alliance entre agriculteurs, artisans et communautés locales. L’objectif : bâtir des sociétés mixtes en nom collectif pour redonner vie aux circuits courts, valoriser les chaînes de valeur rurales et créer des emplois ancrés dans les réalités régionales. Un modèle inédit dans un pays où l’industrialisation est historiquement concentrée.
Sur le front de la régulation, le ministère adopte une posture musclée. Multiplication des inspections, numéro d’alerte (106) pour signaler les produits dangereux, étiquetage bilingue obligatoire : l’État se dote d’outils pour mieux contrôler les marchés et protéger les consommateurs, en particulier sur les biens stratégiques tels que le gaz, l’eau ou les carburants.
Côté administratif, la digitalisation fait son chemin. Plus de 5 800 entreprises sont déjà enregistrées sur la nouvelle plateforme numérique du MCI, tandis qu’un guichet unique en ligne est annoncé. En ligne de mire : simplifier les procédures pour attirer les investissements, formaliser l’économie et faciliter le renouvellement de la carte professionnelle, un sésame encore inaccessible pour nombre d’acteurs informels.
La diplomatie économique n’est pas en reste. En toile de fond, la bataille pour le renouvellement de la loi HOPE/HELP aux États-Unis cristallise les efforts du gouvernement. Ce dispositif douanier préférentiel est vital pour le secteur textile haïtien, pilier de l’emploi formel dans le nord et l’aire métropolitaine. L’enjeu : maintenir l’accès compétitif au marché américain pour les usines locales, malgré un contexte géopolitique incertain.
Dans l’ensemble, cette stratégie affiche une rare cohérence dans la vision économique de l’État haïtien. En combinant inclusion, innovation et intégrité, elle marque un virage vers une gouvernance économique territoriale et participative. Reste à passer de la parole à l’acte.
Le succès de cette dynamique dépendra de la capacité de l’administration publique à incarner ce projet, à coordonner les actions interinstitutionnelles et à garantir une véritable reddition de comptes. À ce stade, le volontarisme affiché par James Monazard pose les jalons d’une politique économique à visage humain, capable de transformer la résilience haïtienne en prospérité partagée.
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