Jean Morose Viliena, ex-maire de la commune de Les Irois en Haïti, a été condamné ce mercredi à neuf ans de prison fédérale à Boston pour fraude liée à l’immigration, après avoir dissimulé son implication dans des actes de violence politique. Il sera expulsé après avoir purgé sa peine.
BOSTON, Massachusetts – Le couperet est tombé pour Jean Morose Viliena, 53 ans, ancien maire de Les Irois, une commune située dans le département de la Grand’Anse, au sud-ouest d’Haïti. Condamné par un tribunal fédéral à neuf ans de prison et trois années de liberté surveillée, il devra ensuite faire face à une procédure d’expulsion vers Haïti.
Selon le procureur fédéral de Boston, Viliena a profité de la protection du sol américain pendant plus de dix ans, après avoir menti sous serment pour obtenir un visa américain et une carte de résident permanent. En 2008, il avait faussement déclaré ne pas avoir été impliqué dans des exécutions extrajudiciaires ou violences politiques, un mensonge désormais démasqué.
Les procureurs ont décrit un véritable parcours de brutalité durant son mandat de maire, entre décembre 2006 et février 2010. En 2007, Viliena aurait dirigé un groupe armé dans une attaque contre le domicile d’un opposant politique. L’assaut a causé la mort du jeune frère de l’opposant et un passage à tabac particulièrement violent à l’aide d’une pierre. Un an plus tard, il aurait mené une attaque contre une radio communautaire, où deux hommes furent gravement blessés, l’un perdant une jambe, l’autre la vue d’un œil.
Malgré ces accusations, Viliena a pu s’installer discrètement à Malden, dans le Massachusetts, où il a vécu en toute quiétude, a travaillé, et a élevé un enfant né aux États-Unis. Mais en mars 2025, tout bascule : un jury fédéral le déclare coupable de trois chefs d’accusation de fraude de visa, une infraction fédérale sévèrement punie, surtout lorsqu’elle masque des crimes contre les droits humains.
Le parquet avait recommandé une peine de dix ans, qualifiant cette affaire de « forme la plus flagrante de fraude à l’immigration ». En parallèle, en 2023, Viliena avait été reconnu civilement responsable en vertu du Torture Victim Protection Act. Une indemnisation de 15,5 millions de dollars avait alors été accordée à trois victimes haïtiennes.
Leah Foley, procureure fédérale du Massachusetts, a salué la décision du tribunal :
« Pendant plus d’une décennie, cet homme a vécu confortablement aux États-Unis, pendant que ses victimes continuaient de souffrir dans l’exil et la peur. Cette condamnation envoie un signal clair : les États-Unis ne seront jamais un refuge pour les bourreaux des droits humains. »
Cette affaire résonne comme un avertissement fort dans le débat sur la responsabilité des États-Unis face aux crimes commis à l’étranger par des individus utilisant l’immigration comme couverture. Elle illustre également la vigilance croissante du système judiciaire américain vis-à-vis de la fraude migratoire liée aux violations graves des droits humains.
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