Avec un excédent commercial historique de 992 milliards de dollars, la Chine consolide sa position de puissance exportatrice mondiale. Mais ce record cache des fragilités structurelles et des défis géopolitiques qui interrogent sur la durabilité de cette performance.



L’année 2024 restera gravée dans les annales économiques de la Chine. Avec une progression de 19 % par rapport à 2022, l’excédent commercial chinois atteint un sommet inédit de 992 milliards de dollars. Ce résultat illustre la capacité de Pékin à dominer les échanges mondiaux, grâce à une croissance de 5,9 % de ses exportations. Parmi les secteurs en tête de cette performance, on retrouve les véhicules électriques, les batteries et les panneaux solaires, qui continuent de séduire les marchés étrangers, soutenus par une montée en puissance du commerce électronique transfrontalier.

Si l’augmentation des exportations témoigne de l’ingéniosité et de la compétitivité des entreprises chinoises, le tableau n’est pas entièrement rose. Les importations, en hausse de seulement 1,1 %, soulignent une demande intérieure stagnante. La classe moyenne chinoise, pourtant moteur traditionnel de la consommation, semble aujourd’hui en retrait, érodée par une faible reprise du secteur immobilier et des contraintes économiques.

Les surplus de production, autrefois absorbés par un marché intérieur dynamique, peinent désormais à trouver preneur dans une économie nationale qui cherche encore son souffle. En parallèle, les tensions commerciales avec les États-Unis ajoutent une incertitude majeure : les droits de douane massifs allant jusqu’à 60 %, récemment imposés par l’administration Trump, risquent de pénaliser les exportations chinoises vers l’un de ses principaux partenaires économiques.

L’excédent commercial record de 2024 pourrait bien marquer un tournant. Si la Chine reste une figure centrale du commerce mondial, les vents contraires se multiplient. D’une part, les pressions internationales sur les droits humains et les inquiétudes liées à la dépendance industrielle envers Pékin poussent plusieurs pays à diversifier leurs chaînes d’approvisionnement. D’autre part, les initiatives de relocalisation industrielle et les efforts de transition énergétique dans les économies occidentales pourraient à terme réduire la demande pour certains produits chinois.

Cette année record pose une question cruciale : la Chine peut-elle maintenir son rôle de locomotive du commerce mondial ? Sa capacité d’adaptation sera déterminante. Pour conserver son influence, Pékin devra non seulement surmonter les défis géopolitiques, mais aussi stimuler une demande intérieure aujourd’hui fragilisée.

Cependant, la dépendance actuelle à des moteurs externes comme les exportations high-tech et la domination dans les énergies renouvelables ne peut suffire à long terme. Une révision stratégique pourrait être nécessaire, intégrant un soutien accru à la classe moyenne chinoise et des investissements ciblés pour diversifier son économie.

L’excédent commercial historique de 2024 est une démonstration éclatante de la puissance économique chinoise, mais aussi un rappel des failles structurelles qui, sans une approche résolue, pourraient entraver sa pérennité. Pour la Chine, l’équilibre entre performance extérieure et solidité intérieure reste à construire dans un contexte global en mutation rapide.