Le rêve spatial chinois prend une nouvelle orbite. Avec une IPO imminente sur le STAR Market de Shanghai, LandSpace, pionnière des lanceurs réutilisables à méthane, s’impose comme la tête de pont de la conquête spatiale privée made in China. Entre innovation technologique, capital-risque et ambition nationale, la Chine joue désormais à armes presque égales avec SpaceX.



La course à l’espace n’est plus uniquement l’affaire des agences gouvernementales. Elle est désormais celle des startups à propulsion privée. Et dans cette nouvelle configuration du new space, la Chine fait une entrée fracassante avec LandSpace Technology, qui vient de déposer son dossier pour une introduction en bourse sur le STAR Market de Shanghai, le Nasdaq chinois dédié aux géants technologiques de demain.

Fondée en 2015 à Pékin, LandSpace n’est pas une simple fusée sur la rampe. En juillet 2023, elle a devancé tous ses rivaux, y compris SpaceX et Blue Origin, en devenant la première entreprise au monde à réussir le lancement d’un lanceur alimenté au méthane et à l’oxygène liquide. Une prouesse qui a placé la jeune pousse chinoise sous le feu des projecteurs, mais aussi sur les radars des investisseurs.

Son modèle ? La fusée Zhuque-3, un lanceur réutilisable dont le vol inaugural est prévu pour la fin 2025. En juin dernier, LandSpace a franchi une étape majeure en testant avec succès le système de propulsion du premier étage. Si la mission est un succès, elle deviendra la deuxième entreprise mondiale, après SpaceX, à maîtriser la réutilisation de lanceurs orbitaux — un enjeu clé pour la rentabilité du transport spatial.

Côté financement, LandSpace a déjà levé plus de 275 millions de dollars, via des fonds privés comme HongShan (ex-Sequoia China), Country Garden Ventures, et China SME Development Fund, un bras financier public. Elle bénéficie également du soutien croissant de fonds d'État spécialisés dans la haute technologie manufacturière, signal fort de la volonté du gouvernement chinois de muscler ses capacités industrielles stratégiques.

Cette IPO sur le STAR Market, dont le montant final reste confidentiel, vise à consolider les infrastructures de production de la fusée Zhuque-3 et accélérer son calendrier de développement. Mais au-delà des chiffres, l’opération traduit une montée en puissance d’un écosystème spatial chinois privé, dynamique, hybride, et de plus en plus concurrentiel.

En misant sur l’innovation, la réutilisabilité, le financement mixte public-privé et l’ouverture aux marchés financiers, la Chine propose un modèle alternatif à celui de la Silicon Valley. Avec LandSpace en fer de lance, l’Empire du Milieu ne se contente plus d’observer la conquête spatiale américaine : il y participe activement.

Cette entrée en Bourse pourrait bien marquer un tournant historique pour l’industrie spatiale asiatique. La prochaine frontière ? Peut-être bien la Lune… mais aussi Wall Street.