Face à l’aggravation de la crise sécuritaire, le Conseil présidentiel de transition (CPT) a annoncé l’allocation d’un fonds spécial de 275 000 dollars pour appuyer les forces de sécurité haïtiennes dans leur lutte contre les groupes armés. Cette initiative vise à restaurer la stabilité dans le pays, membre de la Communauté des Caraïbes francophones (Caricom), en proie à une violence extrême orchestrée par des gangs criminels.



Ce « budget de guerre », selon les termes du CPT, servira prioritairement à équiper et soutenir la Police nationale d’Haïti (PNH) et les Forces armées d’Haïti (FAD’H), afin de contrer les organisations armées qui menacent l’ordre républicain et l’intégrité territoriale. Environ 20 % de cette enveloppe financière seront spécifiquement dédiés au renforcement de la sécurité à la frontière entre Haïti et la République dominicaine.

En parallèle aux efforts militaires, une partie du financement sera orientée vers des programmes sociaux, l’éducation, la santé publique et l’aide humanitaire, selon un communiqué officiel du gouvernement. Ces mesures se veulent une réponse multidimensionnelle à la crise, qui a provoqué d’importants déplacements de population, notamment dans les communes de Saut d’Eau et Mirebalais. D’après l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 30 000 personnes ont été contraintes de fuir leur domicile, aggravant la précarité humanitaire dans le pays.

Des kits d’hygiène, de la nourriture, de l’eau potable et un accompagnement psychosocial sont actuellement fournis aux déplacés internes grâce à la coordination entre l’OIM et d’autres partenaires humanitaires.

La situation sécuritaire a par ailleurs provoqué une réaction unanime au sein de la Caricom. Les gouvernements de la région ont condamné avec fermeté les menaces de coup d’État armé proférées par des gangs contre le gouvernement de transition, les qualifiant de « totalement inacceptables ». Ils ont averti que toute tentative violente de renversement institutionnel ne ferait qu’empirer une crise humanitaire déjà alarmante.

Les États-Unis, à travers un communiqué officiel, ont exprimé leur soutien à la déclaration de la Caricom, affirmant également leur engagement envers la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MSS) dirigée par le Kenya, avec l’appui technique de plusieurs pays de la région.

Adoptée par une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies en 2023, la MSS a pour mandat d’endiguer la violence des gangs et de contribuer à restaurer un climat de paix et de stabilité. Ces gangs, qui cherchent à s’emparer totalement de la capitale Port-au-Prince, multiplient les attaques sanglantes, n’épargnant ni les femmes ni les enfants.

Ce déblocage de fonds marque une étape déterminante dans la volonté du gouvernement de transition haïtien d’offrir une réponse à la fois sécuritaire et humanitaire à une crise qui menace la souveraineté nationale, la cohésion sociale et la survie même de la population haïtienne.