Lors de son premier sermon de la Pentecôte, le pape Léon XIV a exprimé une vive inquiétude sur l'évolution de la politique migratoire des États-Unis, son pays natal, qu’il juge marquée par l’exclusion et l’isolement.
Devant plus de 80 000 fidèles rassemblés place Saint-Pierre, le souverain pontife a utilisé le cadre solennel de la Pentecôte pour interpeller les consciences sur une tendance qu’il considère alarmante : le repli nationaliste et l’hostilité croissante à l’égard des migrants. Sans nommer directement Donald Trump, Léon XIV a fait allusion claire aux nouvelles mesures de restriction prises par le président américain, qui a récemment interdit ou limité l’entrée de ressortissants de 19 pays, dont Haïti, l’Iran, la Libye, la Somalie et le Venezuela.
Dans un langage empreint de compassion mais ferme, le pape a déclaré : « Nous devons rejeter les préjugés, les ‘zones de sécurité’ qui nous isolent de nos semblables, et cette mentalité d’exclusion qui se manifeste malheureusement dans les nationalismes politiques actuels. » Ce message s’inscrit dans la continuité de la ligne pastorale qu’il entend incarner : un engagement résolu en faveur de la dignité humaine et de la solidarité universelle.
Élu le 8 mai dernier à la suite du décès du pape François, Léon XIV — premier pape américain, né Robert Prevost à Chicago — n’est pas étranger à la question migratoire. Ancien missionnaire au Pérou, il revendique une ascendance haïtienne, dominicaine et créole louisianaise. Ce vécu personnel nourrit sa sensibilité particulière aux souffrances des populations déplacées.
Déjà, en mai 2025, à peine élu, il avait fustigé les politiques d’expulsion de masse menées par l’administration Trump, affirmant : « Mon parcours est celui d’un citoyen, issu d’une famille d’immigrants, qui a lui-même fait le choix de l’émigration. »
Dans ses propos, Léon XIV souligne un point central de la doctrine sociale de l’Église : la dignité intrinsèque de chaque être humain. « Nous sommes tous susceptibles, à différents moments de notre vie, d’être en bonne santé ou malades, d’avoir un emploi ou d’être sans travail, de vivre dans notre pays natal ou à l’étranger ; néanmoins, notre dignité demeure intacte. »
S’inscrivant dans une tradition plus conservatrice que son prédécesseur François — notamment sur des sujets comme les bénédictions des couples homosexuels qu’il n’a pas endossées — le nouveau pontife n’en reste pas moins profondément engagé dans les débats de son temps. Il affirme une diplomatie du Vatican à la fois fidèle à ses principes et critique face aux dérives politiques, même quand elles viennent de son propre pays.
Par cette homélie forte et symbolique, le pape Léon XIV pose les jalons d’un pontificat qui s’annonce comme un rappel ferme aux valeurs fondamentales de compassion, d’accueil et de justice — dans un monde où la tentation du rejet de l’autre semble chaque jour gagner du terrain.
Laisser un commentaire