Kigali et Washington officialisent un accord migratoire inédit, dans un contexte de durcissement des politiques d’immigration américaines



Le gouvernement rwandais a confirmé avoir signé un accord avec les États-Unis en juin 2025, autorisant l’accueil sur son territoire de jusqu’à 250 migrants expulsés du sol américain. Cette entente, qui s’inscrit dans une série de partenariats bilatéraux visant à gérer la pression migratoire, marque une nouvelle étape dans la coopération sécuritaire et diplomatique entre Kigali et Washington.

D’après les déclarations de la porte-parole du gouvernement rwandais relayées par l’agence Reuters, une première liste de dix noms a déjà été transmise par les autorités américaines. Ces individus figurent parmi les personnes en situation irrégulière sur le territoire des États-Unis, visées par des ordres d’expulsion dans le cadre du programme de reconduites renforcées mis en œuvre depuis le début du second mandat de Donald Trump.

Ce n’est pas la première fois que les États-Unis externalisent une partie de leur gestion migratoire. Avant le Rwanda, d’autres États africains comme le Soudan du Sud et l’Eswatini ont accepté d’accueillir des personnes expulsées en échange d’accords d’aide et de coopération technique. Toutefois, la décision du Rwanda attire une attention particulière en raison de son engagement affirmé à devenir un partenaire stratégique dans la stabilisation régionale et la gestion des flux migratoires internationaux.

La politique américaine, désormais axée sur le contrôle strict des frontières et la répression des séjours irréguliers, continue de susciter des critiques de la part d’organisations de défense des droits humains. Ces dernières s’inquiètent notamment du sort réservé aux migrants réinstallés dans des pays tiers, souvent sans attaches familiales ou culturelles, et dans des contextes où leur intégration reste incertaine.

Kigali, pour sa part, affirme que toutes les personnes accueillies bénéficieront de conditions dignes et de programmes d’accompagnement pour faciliter leur réinsertion. L’accord stipule également une coordination étroite avec l’OIM (Organisation internationale pour les migrations) et d'autres agences humanitaires afin d'assurer un suivi individualisé pour chaque personne transférée.

Ce partenariat inédit illustre à la fois la fermeté de la politique migratoire américaine sous Trump et la volonté du Rwanda de renforcer son influence diplomatique sur la scène internationale. Il relance aussi le débat sur la responsabilité des grandes puissances dans le respect des droits fondamentaux des migrants expulsés.

Source: RFI