Les Bourses européennes ont ouvert en territoire négatif ce mercredi, sous l’effet d’un repli marqué des valeurs de la défense. L’espoir d’une percée diplomatique sur le conflit en Ukraine, combiné à des signaux monétaires contrastés, redessine les anticipations des investisseurs et pèse sur les titres les plus exposés au risque géopolitique.



Les marchés européens ont entamé la séance dans le rouge, entraînés par la correction des valeurs de l’aéronautique et de la défense. L’indice Stoxx Europe Aerospace & Defense cède encore –0,9 % ce mercredi, prolongeant la lourde chute de –2,6 % enregistrée mardi. Les principaux acteurs du secteur encaissent de nouveaux reculs : Rheinmetall lâche –1,8 %, Hensoldt recule de –1,9 %, tandis que Rolls-Royce et Qinetiq décrochent respectivement de –1,9 % et –2 %.

Pour Jim Reid, stratège chez Deutsche Bank, ce mouvement était presque inévitable : « Les spéculations sur une percée diplomatique ont provoqué des ajustements rapides, notamment sur les actifs les plus corrélés au conflit. » Un scénario qui montre à quel point le secteur de la défense reste hypersensible aux annonces géopolitiques, dans un marché où la moindre perspective de désescalade fait fondre les primes de risque.

Sur le front macroéconomique, le Royaume-Uni surprend avec une inflation à +3,8 % sur un an en juillet, un chiffre supérieur aux attentes. Les prix des billets d’avion se sont envolés de +30 % en un mois, d’après l’ONS, ce qui a brièvement propulsé la livre sterling avant un retour à l’équilibre face au dollar.

À l’international, les opérateurs restent suspendus aux prochaines étapes de la politique monétaire américaine. Les minutes de la Fed attendues ce soir, suivies du très scruté symposium de Jackson Hole, devraient fournir des indices sur l’ampleur et le rythme du futur assouplissement. Les marchés intègrent désormais une probabilité de 84,9 % pour une baisse des taux dès septembre, selon l’outil CME FedWatch.

Cette conjoncture crée un cocktail de volatilité géopolitique et monétaire qui redéfinit les arbitrages sectoriels. Si les valeurs défensives du luxe et de la tech résistent mieux à la baisse, les titres liés à l’aéronautique et aux contrats militaires subissent une pression accrue, reflétant un marché qui parie sur un scénario de désescalade – quitte à sous-estimer le risque d’un retour des tensions.

Pour les investisseurs, l’enjeu est clair : savoir si ce repli marque une simple respiration technique ou le début d’une correction plus profonde dans un secteur qui, ces deux dernières années, avait capitalisé sur la montée des budgets militaires et des tensions globales.