Dans un tournant stratégique, les BRICS annoncent la création d’un fonds de garantie innovant pour mobiliser les capitaux privés au service du développement durable. Une riposte coordonnée aux institutions financières dominées par l’Occident, visant à renforcer l’autonomie économique du Sud global.
C’est une annonce à fort retentissement dans le monde de la finance internationale : les BRICS – regroupant le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud – ont décidé de lancer un fonds de garantie adossé à la Nouvelle Banque de Développement (NDB), destiné à rivaliser avec les mécanismes de la Banque mondiale. Officiellement présenté à la veille du sommet de Rio, ce nouvel instrument ambitionne de transformer l’accès au financement des projets d’infrastructure, de climat et de développement durable dans les pays membres.
L’objectif est clair : réduire le risque perçu par les investisseurs privés pour stimuler leur participation dans les projets du Sud global. En s’inspirant directement de l’Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA) de la Banque mondiale, la NDB entend offrir une structure capable de multiplier jusqu’à dix fois les capitaux privés pour chaque dollar garanti.
Contrairement aux précédentes annonces multilatérales, aucun apport de capital supplémentaire ne sera nécessaire dans l’immédiat. La NDB puisera dans ses ressources existantes, tout en lançant dès 2026 une série de projets pilotes dans plusieurs pays membres. Ce dispositif offrira aux investisseurs des garanties reposant sur la note de crédit de la NDB, souvent supérieure à celle de ses États membres, ce qui constitue un levier puissant pour rassurer les marchés.
Mais au-delà des aspects purement techniques, cette initiative s’inscrit dans une dynamique géopolitique bien plus large : celle de l’affirmation croissante des BRICS comme alternative au système financier mondial dominé par l’Occident. En contournant les institutions traditionnelles comme la Banque mondiale ou le FMI, les BRICS cherchent à proposer un nouveau modèle de coopération économique, plus équitable et centré sur les priorités des économies émergentes.
La création de ce fonds de garantie représente donc bien plus qu’une simple innovation financière. Elle marque une volonté politique affirmée d’émancipation économique, à un moment où les tensions commerciales, les fractures Nord-Sud et les besoins en financement des infrastructures n’ont jamais été aussi élevés.
Si le pari réussit, les BRICS pourraient non seulement accroître leur influence sur l’échiquier mondial, mais aussi transformer durablement les règles du jeu du financement du développement.
Laisser un commentaire