Couronnée Compagne de l’Ordre des arts et des lettres du Québec, Mireille Métellus incarne avec grâce l’héritage haïtien dans les arts vivants québécois. Comédienne engagée, spectatrice passionnée et ambassadrice d’une culture créole universelle, elle traverse les scènes et les écrans depuis près de 40 ans, sans jamais perdre de vue ses racines.



Quand l’orthopédagogie laisse place à la vocation artistique, cela donne parfois des destins bouleversants. Celui de Mireille Métellus, comédienne québéco-haïtienne au parcours lumineux, en est la preuve éclatante. Cette femme de théâtre, de télévision et de cinéma, vient d’être nommée Compagne de l’Ordre des arts et des lettres du Québec, une distinction qui souligne une carrière enracinée dans la passion, la résilience et le rayonnement interculturel.

Derrière la reconnaissance officielle, il y a une vie dédiée aux arts vivants, à l’identité haïtienne et à la création théâtrale engagée. Depuis près de quatre décennies, Mireille Métellus construit une œuvre singulière, riche et féconde, à la croisée des chemins entre le patrimoine culturel haïtien, le théâtre québécois contemporain et la mémoire diasporique.

Avec plus de trente productions théâtrales à son actif, Mireille Métellus a su imposer sa voix et sa présence scénique dans des œuvres majeures : Le bruit et la fureur d’après Faulkner, Héritage de Lorraine Hansberry ou encore Trois et Neuf de Mani Soleymanlou. Elle n’a jamais hésité à incarner des textes puissants, porteurs de mémoire et de questionnements identitaires.

Elle est aussi une habituée du Festival international de littérature (FIL) et du Festival TransAmériques, où ses performances vibrantes ont souvent été saluées. En 2020, elle a brillé dans Quel dernier grand conflit pour satisfaire la haine entre les hommes ?, une œuvre coup de poing du dramaturge haïtien Guy Régis Jr., confirmant son attachement à la créolité et aux dialogues Sud-Nord

Si les planches ont forgé son identité artistique, le cinéma et la télévision lui ont offert une visibilité plus large. Elle figure dans L’Homme sur les quais de Raoul Peck, présenté à Cannes en 1993, dans Un dimanche à Kigali de Robert Favreau, et dans L’âge de braise de Jacques Leduc. Aux États-Unis, sa participation à la série culte E.R. a marqué un tournant, lui ouvrant des portes sur la scène internationale.

Le public québécois, quant à lui, l’a retrouvée dans des séries populaires comme Trauma, Unité 9, 30 vies et Hôtel, où son talent a conquis le petit écran.

Au-delà de ses propres rôles, Mireille Métellus est une grande amoureuse de la scène et de la musique. Elle se souvient avec émotion d’un concert mythique de Miriam Makeba et Stevie Wonder à Lagos en 1977, ou encore de la comédie musicale Le Magicien d’Oz à Broadway, jouée entièrement par des artistes afro-américains. Elle suit avec fidélité Beethova Obas, le chanteur haïtien qu’elle admire depuis leur rencontre en 1994, symbole de l’excellence musicale haïtienne.

Son premier spectacle ? Celui des Cyniques, preuve que l’humour et la critique sociale l’ont toujours accompagnée.

Sa nomination comme Compagne de l’Ordre des arts et des lettres du Québec vient saluer un engagement total envers la culture, l’éducation, la mémoire et l’héritage haïtien. Elle rejoint ainsi un cercle prestigieux, dans une cérémonie organisée par le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ), en partenariat avec la Caisse Desjardins de la Culture et Le Devoir.

Pour la communauté haïtienne du Québec, cette distinction est un moment de fierté, un symbole de l’apport essentiel des artistes issus de l’immigration à la construction d’un imaginaire québécois pluriel.