Avec “Self Love”, la chanteuse haïtienne Fatima Altieri, accompagnée de la voix lumineuse de Phyllisia Ross, nous livre un hymne intime et puissant. Dans ce morceau fusionnant afro-soul, kreyòl spirituel et néo-poésie, la musique devient une catharsis, une déclaration d’indépendance émotionnelle.
Il y a des chansons qui bercent. D’autres qui guérissent. Et puis il y a celles, rares, qui réparent.
Avec “Self Love”, la voix de Fatima Altieri monte lentement, telle une prière intérieure. En duo avec la douce et vibrante Phyllisia Ross, elle ne chante pas l’amour. Elle chante l’amour de soi, ce territoire intime et sacré que l’on oublie trop souvent d’habiter.
Née en Haïti, Fatima Altieri incarne cette génération d’artistes enracinés dans la mémoire collective tout en embrassant les vibrations du monde. “Mwen renmen tèt mwen kounya” — ce refrain répété comme un mantra — résonne dans les entrailles, car il dit la résilience après la fracture, l’estime après l’abandon, la lumière retrouvée après les naufrages.
Ce n’est pas une simple chanson, mais une traversée. Chaque vers, chaque note tisse le récit d’une renaissance. L’amour romantique y est déconstruit, déconfiné, abandonné même, au profit d’un retour au je. Fatima et Phyllisia nous emmènent là où peu osent aller : au cœur du silence après la tempête.
Les paroles — simples mais puissantes — sont une poésie du quotidien : "Ak tout enpèfeksyon m / e san validasyon w / mwen renmen tèt mwen kounya."
(Avec toutes mes imperfections / et sans ta validation / j’aime enfin qui je suis.)
Musicalement, “Self Love” fusionne les racines créoles haïtiennes à des harmonies afrobeat et R&B minimaliste. Le tambour invisible du cœur, la basse qui caresse l’âme, la voix qui vibre comme un cri retenu trop longtemps… tout y est.
Mais plus encore que son esthétique, c’est le message qui frappe. Cette chanson est un acte de résistance contre l’effacement, une déclaration politique de l’être dans un monde où l’amour de soi est souvent perçu comme une transgression.
Le clip, vu plus de 1,4 million de fois en deux semaines, n’est pas une performance de diva. C’est une offrande. On y voit la femme qui doute, celle qui écrit pour guérir, qui danse pour renaître. Plim ak papye m nan men m / m pral ke w te fin efase – le stylo et le papier en main, je vais réécrire ce que tu avais effacé. Là encore, l’image de la réappropriation, du corps, du mot, de l’histoire.
En somme, Fatima Altieri signe ici un manifeste musical pour les femmes, les cœurs blessés, les êtres en quête d’eux-mêmes. Et Haïti, à travers elle, ne chante plus seulement ses douleurs ancestrales. Elle proclame : je suis entière, je suis femme, je suis force.
Et surtout…
Mwen renmen tèt mwen kounya.
https://youtu.be/7hz0P3FdikE?si=RVFgMFzTb2honSpj
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