La plateforme de streaming américaine Netflix confirme l’utilisation d’effets spéciaux générés par intelligence artificielle dans sa série argentine « L’Eternaute », marquant une première historique… et une provocation assumée envers une industrie déjà en tension.



Le 30 avril 2025, Netflix a discrètement mis en ligne la série argentine L’Eternaute, adaptation moderne d’un classique de la bande dessinée latino-américaine. Mais c’est bien en juillet que le vrai coup de tonnerre a résonné : la plateforme a confirmé que certaines séquences ont été générées à l’aide d’intelligence artificielle, une révélation qui fait l’effet d’une onde de choc dans le monde du cinéma et de la télévision.

Selon Ted Sarandos, co-directeur général de Netflix, la scène en question — l’effondrement spectaculaire d’un immeuble — a été produite grâce à une IA générative, permettant une économie de temps estimée à « dix fois supérieure » par rapport aux méthodes traditionnelles. Une prouesse technologique ? Certainement. Une déclaration de guerre aux professionnels des effets visuels et aux syndicats ? Peut-être aussi.

Dans un contexte post-grève à Hollywood (2023-2024), où les artistes dénonçaient déjà les menaces de l’automatisation et de l’IA générative sur les métiers du cinéma, cette annonce vient appuyer les pires craintes : l’argument budgétaire devient l’alibi tout trouvé pour se passer des techniciens. Sarandos lui-même l’admet : « Sans cette technologie, nous n’aurions pas pu tourner cette séquence avec notre budget. »

« C’est une première, et ce ne sera pas la dernière », semble nous dire Netflix. Le géant du streaming revendique cette innovation, y voyant une opportunité "de faire de meilleurs films et séries", et non une méthode de substitution. Pourtant, difficile de dissocier les discours rassurants des réalités économiques : moins de coûts, plus de rapidité, moins d’emplois humains.

Le pari est clair : Netflix veut incarner l’avant-garde de la production audiovisuelle. Mais à quel prix ? Entre fascination technologique et inquiétudes éthiques, la frontière entre création assistée et déshumanisation artistique devient plus floue que jamais.

Cette révélation pourrait bien marquer un tournant dans l’histoire du divertissement numérique, et ouvrir la voie à une ère où l’intelligence artificielle ne sera plus seulement un outil, mais un acteur à part entière du storytelling mondial.