Dans une proclamation publiée mercredi, l'administration Trump a instauré de nouvelles restrictions d'entrée visant directement Haïti, Cuba et le Venezuela, dans un durcissement spectaculaire de la politique migratoire américaine.



À compter du 9 juin 2025, les ressortissants de plusieurs pays, dont Haïti, Cuba et le Venezuela, seront soumis à une interdiction de voyager imposée par la Maison-Blanche. Dans le cadre du décret présidentiel 14161, le président Donald Trump entend renforcer la sécurité nationale des États-Unis en suspendant ou limitant l’entrée de citoyens étrangers venant de pays jugés incapables de garantir des vérifications d’identité et de sécurité suffisantes.

Haïti figure parmi les douze pays visés par une suspension totale de délivrance de visas, tant pour les immigrants que pour les non-immigrants. Concrètement, cela signifie qu’aucun Haïtien ne pourra entrer légalement aux États-Unis par voie de visa touristique, étudiant, professionnel ou familial, sauf exceptions très limitées. Selon l’administration, cette décision est justifiée par un taux de dépassement élevé des séjours autorisés et l’absence d’un gouvernement central opérationnel capable de coopérer avec les autorités américaines en matière de sécurité.

Pour Cuba et le Venezuela, les restrictions sont partielles mais significatives : les visas touristiques (B-1, B-2), d’affaires, d’études (F, M, J) sont suspendus. Le gouvernement américain pointe du doigt le manque de coopération des autorités cubaines, leur statut d’État soutien du terrorisme et leur refus de rapatrier leurs ressortissants expulsés. Quant au Venezuela, l'administration souligne l’effondrement administratif de l’État et son incapacité à délivrer des documents fiables, notamment les passeports.

La proclamation prévoit certaines exemptions : les détenteurs de la carte verte, les enfants adoptés (visas IR-3, IH-4, etc.), les proches directs de citoyens américains, ainsi que les diplomates ou les titulaires de visas spéciaux (A, G, OTAN). Des exceptions au cas par cas sont également possibles si une entrée est jugée d’intérêt national. Les ressortissants ayant déjà un visa valide avant le 9 juin ne seront pas affectés.

L’administration Trump présente cette mesure comme une étape nécessaire pour protéger les citoyens américains contre les risques terroristes et criminels. Elle affirme que les pays concernés ont échoué à garantir des procédures de filtrage adéquates pour leurs ressortissants et qu’ils constituent de ce fait un danger potentiel pour la sécurité publique.

Cette proclamation s’inscrit dans la continuité des précédentes interdictions de voyage mises en place dès 2017, déjà controversées à l’époque. Le président Trump renforce ainsi une politique migratoire rigide, centrée sur la souveraineté et le contrôle renforcé des frontières, en particulier à l’approche d’une nouvelle séquence électorale cruciale.

La décision pourrait affecter des dizaines de milliers de familles, étudiants et travailleurs en attente de visas. Pour de nombreux Haïtiens, Cubains et Vénézuéliens, elle représente une fermeture radicale des portes américaines. Les défenseurs des droits humains dénoncent une politique arbitraire et discriminatoire, tandis que la Maison-Blanche invoque des raisons strictement sécuritaires.

L’avenir de ces restrictions dépendra d’évaluations régulières du Département de la sécurité intérieure. Mais d’ici là, pour de nombreux ressortissants des pays visés, le rêve américain semble suspendu.