Face à une économie américaine qui ralentit et une inflation toujours jugée trop haute, la Réserve fédérale joue la montre. Mais à deux mois d’une réunion décisive et à quelques encablures de l’élection présidentielle, les marchés redoutent un immobilisme risqué.



La Réserve fédérale des États-Unis a décidé, sans surprise mais non sans controverse, de maintenir ses taux directeurs à 4,5 %. Une décision appuyée par 9 gouverneurs contre 2, alors que les signaux économiques du premier semestre 2025 penchent clairement vers une décélération de la croissance. Pourtant, dans le communiqué publié, aucun mot-clé susceptible de rassurer les marchés n’a été prononcé : ni « septembre », ni « assouplissement ». Un silence qui vaut inquiétude pour les analystes.

L’inflation, toujours perçue comme trop élevée par les membres du FOMC, continue d’obséder la Fed. Pourtant, les pressions s’accumulent : ralentissement du marché de l’emploi, essoufflement de la consommation, frémissements sur le marché immobilier. Dans ce contexte, les voix dissidentes des gouverneurs Christopher Waller et Michelle Bowman, plaidant pour une baisse immédiate des taux, résonnent avec de plus en plus d’insistance.

Sur les marchés, la réaction ne s’est pas fait attendre. Tandis que l’EUR/USD a connu une brève poussée haussière, le NASDAQ 100 a reculé, déçu par l’absence de signal clair d’un virage accommodant. Les investisseurs, eux, restent sur le qui-vive, entre espoirs monétaires et incertitudes politiques.

Car au cœur de ce statu quo, un autre facteur pèse lourd : la politique. Donald Trump, dont les prises de position influencent toujours la sphère économique, a surpris en ne réclamant pas une baisse immédiate, évoquant plutôt un possible ajustement en septembre. Cette déclaration, loin d’agiter les marchés, semble les avoir temporairement apaisés — preuve, s’il en fallait, que le timing des décisions monétaires est désormais perçu comme un enjeu électoral.

La prochaine réunion, fixée au 18 septembre, s’annonce cruciale. D’ici là, la Fed devra lire entre les lignes des indicateurs économiques, sans céder aux pressions politiques. Mais plus que jamais, la frontière entre rigueur monétaire et stratégie électorale se brouille.