WASHINGTON – La secrétaire américaine à l’Agriculture, Brooke Rollins, a déclaré mardi qu’il n’y aurait « aucune amnistie » pour les travailleurs agricoles en situation irrégulière, alors que l’administration Trump entame une campagne de déportation massive de tous les immigrés présents illégalement sur le sol américain.
Lors d’une conférence de presse devant le siège du Département de l’Agriculture, Brooke Rollins a insisté sur l’objectif de la Maison-Blanche : bâtir une main-d’œuvre 100 % américaine, même dans les secteurs traditionnellement dominés par la main-d’œuvre immigrée, comme l’agriculture. « La solution passe par l’automatisation, une réforme des structures existantes et, pourquoi pas, par une réintégration des 34 millions d’adultes valides inscrits à Medicaid dans le marché du travail, » a-t-elle déclaré.
Selon les données du centre de recherche indépendant KFF, la majorité des adultes couverts par Medicaid travaillent à temps plein ou partiel, ou sont dans l’incapacité de travailler pour raisons de santé, d’études ou d’obligations familiales. Les propos de Rollins ont immédiatement soulevé des critiques, tant chez les défenseurs des droits sociaux que dans le secteur agricole.
Un secteur sous pression La décision de mettre fin à tout espoir d’amnistie survient alors que les producteurs agricoles alertent depuis des mois sur le risque d’effondrement de la chaîne d’approvisionnement alimentaire si les travailleurs sans papiers venaient à être expulsés. Une pause dans les raids sur les exploitations agricoles avait un temps été envisagée en juin, mais la Maison-Blanche a fait marche arrière, réaffirmant son objectif d’expulsion totale.
En parallèle, la nouvelle loi budgétaire signée par le président Trump le 3 juillet introduit des conditions de travail obligatoires pour les bénéficiaires de Medicaid, une mesure qui pourrait priver près de 12 millions de personnes d’assurance maladie, selon le Bureau du budget du Congrès.
La secrétaire au Travail, Lori Chavez-DeRemer, a annoncé lors d’une réunion au cabinet de la Maison-Blanche la création d’un nouveau bureau dédié aux relations avec les agriculteurs et éleveurs, sans toutefois donner de détails. Ce bureau devrait avoir un lien avec le programme H-2A, qui délivre des visas saisonniers pour travailleurs agricoles étrangers, et qui pourrait devenir un outil central dans la gestion de la main-d’œuvre post-déportation.
Sanctions contre les propriétaires étrangers de terres agricoles Au cours de la même conférence, Rollins a affirmé que le Département de l’Agriculture mettrait fin à tous les contrats avec les « adversaires étrangers » – incluant explicitement la Chine – et limiterait leurs possibilités d’achat de terres agricoles américaines.
« Un décret présidentiel est à venir très prochainement pour encadrer ou inverser les acquisitions de terres par des entités étrangères, » a-t-elle précisé, évoquant notamment les entreprises chinoises Syngenta et Smithfield Foods.
La Chine a vivement réagi, qualifiant ces mesures de « discriminatoires » et accusant Washington de politiser les questions économiques et d’investissement. Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning, a exhorté les États-Unis à « cesser immédiatement » ces pratiques.
Actuellement, seulement 3,4 % des terres agricoles américaines sont détenues par des entités étrangères, selon l’USDA, et le Canada en détient à lui seul près de 30 %. Toutefois, 26 États américains disposent déjà de lois limitant ou interdisant l’acquisition de terres agricoles par des gouvernements ou entreprises étrangères – certaines étant contestées devant les tribunaux.
Rollins a aussi annoncé qu’elle siégerait désormais au Comité sur les investissements étrangers aux États-Unis (CFIUS), chargé d’évaluer les acquisitions étrangères susceptibles de représenter une menace pour la sécurité nationale.
Entre réforme agricole radicale, fermeté migratoire et souveraineté économique, l’administration Trump intensifie son agenda conservateur, au grand dam des acteurs agricoles et des communautés immigrées, qui redoutent une saison de récoltes marquée par les expulsions, la pénurie de main-d’œuvre et une pression sociale croissante.
Source : Reuters
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