Alors que la guerre commerciale entre Washington et Pékin atteint des sommets, les États-Unis viennent d’exempter smartphones, ordinateurs et autres produits high-tech des lourdes surtaxes douanières imposées par Donald Trump. Une décision stratégique pour préserver la consommation intérieure, en pleine tension tarifaire mondiale.



En pleine escalade de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, un revirement inattendu a été annoncé samedi 12 avril : les smartphones, ordinateurs portables, écrans plats et composants électroniques clés – notamment les semi-conducteurs – seront désormais exemptés des récentes surtaxes douanières décrétées par Donald Trump. Une volte-face majeure, publiée dans une notice officielle du service des douanes, qui intervient à un moment critique du bras de fer tarifaire opposant les deux plus grandes puissances économiques mondiales.

Alors que les États-Unis venaient tout juste d’imposer une surtaxe monumentale de 145 % sur les importations chinoises, la Maison Blanche semble réévaluer l’impact de ces mesures sur les marchés et les consommateurs. En excluant des produits aussi stratégiques que les smartphones et les ordinateurs – piliers du quotidien numérique des Américains – l’administration Trump tente d’éviter une envolée brutale des prix à la consommation, tout en conservant la posture ferme du « America First ».

Cette exemption concerne également les semi-conducteurs, les transducteurs à base de semi-conducteurs, les appareils de stockage solide et divers composants électroniques de haute valeur ajoutée, offrant ainsi un véritable bol d’air aux entreprises technologiques américaines et aux consommateurs. Ce recul partiel de Washington s’inscrit dans une logique économique : préserver la compétitivité intérieure tout en maintenant une pression maximale sur Pékin.

Mais la Chine n’est pas restée sans réponse. Le vendredi précédent, Pékin a annoncé une riposte immédiate avec une hausse spectaculaire de ses propres droits de douane : 125 % sur la totalité des importations américaines, à effet immédiat. Cette décision, combinée aux tensions croissantes sur les chaînes d’approvisionnement mondiales, a déclenché une forte volatilité sur les marchés financiers, entre envolée de l’or, nervosité sur le marché obligataire américain, et instabilité des valeurs technologiques en bourse.

Malgré ce climat tendu, Donald Trump continue d’afficher un ton résolument optimiste, affirmant que sa stratégie tarifaire « fonctionne vraiment bien » et que des discussions restent ouvertes avec Pékin. D’après sa porte-parole Karoline Leavitt, le président américain serait prêt à conclure un accord commercial équilibré avec la Chine, tout en maintenant sa politique de réindustrialisation par la contrainte tarifaire.

Deux jours plus tôt, Trump avait déjà suspendu temporairement – pour 90 jours – certaines surtaxes visant les partenaires commerciaux autres que la Chine, révélant ainsi un certain pragmatisme politique face aux critiques nationales et internationales. Mais le message est clair : la Chine reste la cible principale, dans une stratégie de confrontation économique où les enjeux dépassent largement les droits de douane.

En exemptant smartphones et ordinateurs, les États-Unis cherchent à contenir les effets collatéraux sur leur propre économie, tout en évitant un effondrement du pouvoir d’achat des ménages. Ce choix démontre que, dans cette guerre commerciale aux multiples rebondissements, l’arme tarifaire n’est jamais unilatérale ni sans coût.

À l’heure où les marchés mondiaux s’ajustent à chaque tweet présidentiel, et où les chaînes de production s’adaptent sous pression, cette trêve partielle ne marque pas la fin du conflit. Mais elle en révèle les limites : le protectionnisme a un prix, et même Trump semble prêt à le négocier.