Les États-Unis bloquent une proposition européenne de réduction du plafond des prix du pétrole russe, mettant à mal l’unité du G7 et posant un défi stratégique majeur pour les sanctions économiques contre Moscou.



La géopolitique énergétique mondiale connaît un nouveau tournant. Selon une enquête exclusive publiée par Bloomberg, les États-Unis s’opposent à une initiative portée par les pays européens et le Royaume-Uni pour abaisser le plafond du prix du pétrole russe, instauré par le G7 en décembre 2022. Alors que le Canada s’apprête à accueillir le sommet du G7 du 15 au 17 juin, cette fracture diplomatique met en lumière des divergences croissantes sur la stratégie à adopter face aux revenus pétroliers de la Russie.

La proposition européenne vise à resserrer l’étau économique autour de Moscou, dans un contexte de guerre prolongée en Ukraine et de résilience financière de la Fédération de Russie. Le mécanisme actuel interdit aux entreprises du G7 de fournir des services de transport maritime et d’assurance pour du pétrole vendu au-dessus d’un seuil fixé. En réponse, la Russie a interdit, depuis février 2023, toute exportation de pétrole si les contrats se conforment à ces plafonds, une interdiction que Vladimir Poutine vient de prolonger jusqu'à fin 2025.

Sans l’aval de Washington, toute mesure unilatérale du Royaume-Uni ou de l’Union européenne aurait un impact limité sur le marché mondial du pétrole. Les services d’assurance et logistiques dominés par les puissances occidentales, notamment les États-Unis, constituent en effet le levier principal des sanctions.

Selon Bloomberg, la position des États-Unis demeure inchangée depuis la dernière réunion des ministres des Finances du G7 au début de l’année. La décision finale reste entre les mains du président Donald Trump, qui n’a pas encore manifesté une volonté claire de réviser la politique énergétique adoptée précédemment.

Les pays du G7, en particulier les membres de l’Union européenne, espèrent néanmoins un revirement américain, alors que les pressions montent pour réduire les revenus du Kremlin issus de l’or noir. Les sanctions énergétiques, pierre angulaire de la stratégie occidentale, perdent en cohérence si elles ne s’appliquent pas de manière uniforme. Le jeu diplomatique autour du prix du pétrole russe devient ainsi un révélateur des tensions internes au sein même des alliances économiques traditionnelles.

En toile de fond, le marché mondial reste attentif. Toute modification du plafond pourrait influencer l’équilibre entre offre et demande, les prix du baril et les recettes russes. Les choix du G7, ou leur absence, auront des répercussions directes sur les marchés énergétiques, les stratégies de contournement de Moscou, et la stabilité géoéconomique globale.