Située entre Limbé et Borgne, à deux pas de Cap-Haïtien, la commune de Port-Margot incarne un pan vivant du patrimoine naturel et historique d’Haïti. Avec ses plages immaculées, son histoire de flibustiers et de révoltes esclaves, et ses paysages agricoles luxuriants, cette localité méconnue mérite une place de choix sur la carte du tourisme culturel haïtien.



Peu de gens le savent, mais Port-Margot est l’un des premiers établissements français sur l’île d’Hispaniola, bien avant la naissance d'autres centres coloniaux majeurs. C’est ici, en 1640, que François Levasseur, envoyé par Philippe de Longvilliers de Poincy, débarque pour prendre possession de la Tortue et devient son premier gouverneur. Cette position stratégique en a fait un bastion de la flibuste, où boucaniers et corsaires établirent une colonie prospère.

La ville n’est pas en reste côté révoltes : en 1679, une insurrection d'esclaves menée par le mystérieux Père Jean secoue la région, prémices des luttes pour la liberté qui forgeront l’identité haïtienne.

Port-Margot, c’est aussi une carte postale vivante. Bordée de plages paradisiaques comme la baie de Chouchou, Coup de Sable, Cabaret, Coco ou encore Pas Kannot, la commune offre une échappée idéale pour les amoureux de la mer et de la nature. Le sable blanc et les récifs coralliens de Chouchou ravissent plongeurs et amateurs de snorkeling.

À Novion, le bassin Waka permet une baignade revigorante, tandis que la cascade de Djambou, située à Bas Petit Borgne, invite à l’aventure. Plus haut, le Morne Coplan propose un panorama exceptionnel pour contempler le coucher du soleil.

Chaque année, Port-Margot vibre au rythme de ses traditions religieuses. Le 20 juillet, les habitants célèbrent la fête de Sainte Marguerite, patronne de la ville. La Saint-Bertin, la Saint-Louis ou encore la Saint-Antoine de Padoue ponctuent également le calendrier culturel de la commune.

Ces festivités s’ajoutent aux festivals de plage, rassemblements joyeux où musique, danse et culture locale fusionnent dans un décor de rêve. Ce mélange unique de spiritualité, d’héritage religieux et de liesse populaire fait de Port-Margot un lieu profondément ancré dans l'âme haïtienne.

Autrefois terre agricole florissante, Port-Margot subit aujourd’hui les effets de la déforestation, du changement climatique et de l’exode rural. Les cultures de café, cacao ou tubercules, autrefois abondantes, s’amenuisent. Le lit capricieux de la rivière Port-Margot alterne sécheresse et crues violentes, menaçant les plantations et les habitations.

Mais malgré ces défis, la mémoire des anciens champs fertiles et l’espoir d’une relance verte animent encore les habitants, majoritairement agriculteurs, attachés à leur terre.

Bien que souffrant d’un manque criant d’infrastructures culturelles — pas de salle de cinéma ni de bibliothèque publique digne de ce nom — Port-Margot ne manque pas d’âme. La bibliothèque Dominique Batraville, malgré ses moyens modestes, représente un îlot de savoir.

Avec ses maisons modernes, sa douceur de vivre, ses habitants chaleureux et solidaires, Port-Margot ne demande qu’à rayonner. Son potentiel touristique, son patrimoine historique unique et sa nature généreuse en font un destination écotouristique et culturelle de premier plan, à condition qu’on s’y intéresse vraiment.