Avec le plan "RearmEurope", Ursula von der Leyen veut injecter 800 milliards d’euros pour renforcer la défense européenne et répondre aux tensions internationales. Un tournant stratégique majeur pour l’Union européenn



Face à une menace russe persistante et une dépendance militaire croissante aux États-Unis, l’Union européenne amorce un changement de paradigme. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, propose un plan massif de 800 milliards d’euros pour structurer l’industrie de défense et doter l’Europe d’une autonomie stratégique.

Pourquoi un tel plan maintenant ? L’invasion de l’Ukraine par la Russie a révélé les failles de l’Europe en matière de défense. Si l’UE a soutenu Kyiv à coups de milliards et d’armes fournies par les États-Unis, la réalité est que les capacités militaires européennes restent fragmentées et sous-financées. Avec "RearmEurope", l’objectif est double : moderniser les armées des États membres tout en renforçant l’industrie militaire européenne pour ne plus dépendre des géants américains et asiatiques.

Comment sera financé RearmEurope ? Ce plan repose sur plusieurs leviers financiers inédits : 650 milliards d’euros en dépenses directes des États membres, encouragés à consacrer 1,5 % de leur PIB à la défense ; 150 milliards d’euros de prêts destinés à l’achat de matériel militaire avancé, notamment des drones et des systèmes de missiles anti-aériens ; l’implication du secteur privé et de la Banque européenne d’investissement (BEI) pour mobiliser des fonds additionnels.

Au-delà des dépenses immédiates, cette stratégie vise aussi une intégration accrue des industries militaires européennes, en accélérant l’Union des marchés de capitaux pour faciliter l’investissement privé dans la défense.

RearmEurope est un pari risqué. D’un côté, il pourrait faire émerger un complexe militaro-industriel européen capable de rivaliser avec les États-Unis et la Chine. De l’autre, une telle militarisation pourrait raviver les tensions avec la Russie, voire compliquer les relations intra-européennes entre pays pacifistes et faucons de la défense.

Reste une question clé : l’UE peut-elle vraiment se transformer en puissance militaire, ou ce plan est-il une simple réponse conjoncturelle aux pressions actuelles ? La réponse dépendra de la volonté des États membres de jouer collectif sur une politique de défense commune, un défi que l’Europe peine à relever depuis des décennies.